Friday, November 30, 2007

Modération

"Ceux qui sont modérés dans leurs aspirations acquièrent la sérénité et la paix du coeur parce qu'ils ne sont pas envahis par la fièvre de gagner davantage."

Abbé Pierre, L'Abbé Pierre parle aux jeunes.

Tuesday, November 27, 2007

Inégalités

"Les 225 plus grosses fortunes du monde représentent un total de plus de mille milliards de dollars, soit l'équivalent du revenu annuel des 47% d'individus les plus pauvres de la population mondiale.
Les trois personnes les plus riches du monde ont une fortune supérieure au PIB total des 48 pays en développement les plus pauvres.
L'accés aux services sociaux: coût de la réalisation et du maintien d'un accès universel à l'éducation de base, aux soins de la santé de base, à une nourriture adéquate, à l'eau potable, et à des infrastructures sanitaires est estimé à 40 milliards de dollars par an. Les dépenses de publicité sont elles dix fois supérieures: 400 milliards de dollars annuels.
La comparaison de ce que représenterait le surcoût annuel afin de permettre l'accès universel aux services sociaux et à des consommations vitales pour chaque être humain permet de constater qu'il existe des ressources abondantes susceptibles d'être dégagées en faveur du développement humain.
Les comparaisons n'ont qu'une valeur d'exemple mais elles n'en illustrent pas moins de façon frappante l'utilisation qui est faite des ressources de la planète."

Rapport du PNUD, 1998, cité par Bernard Maris dans l'Antimanuel d'économie. 1: les fourmis, chapitre "Mondialisation et commerce international".

C'est exactement ce coté pervers de notre système économique qui me dégoûte: on dépense 10 fois plus à essayer de vendre à des gens qui ont déjà tout ce qui est nécessaire pour vivre des choses dont ils n'ont pas besoin plutôt qu'à essayer de donner à tous les êtres humains des conditions décentes de vie !

Sur le même registre, je viens de lire ce matin dans Le Monde un article sur le nouveau rapport du PNUD, à propos des inégalités face au réchauffement climatique, alors j'ai lu le résumé du rapport, que je recommande vivement (vous pouvez le télécharger ici). Je ne rapporterai ici qu'un extrait (en anglais) qui donne une note d'optimisme:

"Yet climate change is a threat that comes with an opportunity. Above all, it provides an opportunity for the world to come together in forging a collective response to a crisis that threatens to halt progress."

On a vu dans l'Histoire comment les hommes de différentes nations et religions pouvaient s'unir face à un ennemi commun. Malheureusement cet ennemi était toujours d'autres êtres humains. Le réchauffement climatique est un nouvel ennemi commun à tous les êtres humains. Espérons qu'il pourra tous nous unir pour le combattre efficacement.

Monday, November 26, 2007

Aime aimer

"Aime aimer, ça te fera mal, mais aime encorer plus, près des plus petits et des plus faibles."

Abbé Pierre, "L'Abbé Pierre parle aux jeunes".

Thursday, November 22, 2007

Concurrence vs coopération

"On s'est amusé à faire jouer des individus «perso» ou «collectif». Bruno Ventelou, dans un livre passionnant*, propose un jeu auquel ont participé des gens très différents. Les premiers sont des élèves d'école de commerce, formatés à la concurrence et au chacun pour soi, rationnels et égoïstes, maximisant chacun sa propre utilité; les autres, des petits gars de banlieue d'une même équipe de basket, plutôt solidaires. Disons les «gestionnaires» contre les «basketteurs». Les premiers n'ont pas confiance les uns dans les autres, contrairement aux seconds. On leur fait jouer de l'argent**. Ils sont huit dans chaque équipe. On distribue à chacun 4 cartes d'un jeu de 32. À chaque tour, ils gardent deux cartes et en jettent deux dans le pot. Ils gagnent: 4 euros par carte rouge conservée (chaque carte rouge a la même valeur, peu importe qu'il s'agisse du roi de coeur ou du sept de carreau), plus un euro par carte rouge dans le pot. Soit je mets mes rouges dans le pot (je joue collectif), soit je les garde. Exemple: si j'ai deux rouges et que je les garde, j'ai gagné huit euros. Si je les ai mises dans le pot, et que tout le monde fait comme moi, nous avons gagné chacun huit fois deux égale 16 euros. Dilemme... Faut-il jouer perso ou collectif ?
Le résultat est frappant. L'école de commerce joue perso. Les basketteurs jouent collectif. Et bien entendu... les basketteurs gagnent.
Mais voilà. Les tours passent, et passent. Certains basketteurs commencent à jouer perso en se disant: je joue pour moi, mais comme les autres seront assez bêtes pour jouer collectif, j'empocherai les cartes que je garde en main, plus celles que les autres mettent au pot***. Exemple, toujours sur une distribution deux rouges, deux noires: je garde mes deux cartes rouges (8 euros) et les autres mettent leurs cartes dans le pot (14 euros). Total pour moi: 8 plus 14 égale 22 euros ! Encore mieux que dans le cas où tout le monde joue collectif. Hélas, la trahison a des conséquences terribles. Les autres s'en rendent compte. Que font-ils aux tours suivants ? Ils trahissent aussi. Et petit à petit, on se retrouve dans la situation de la concurrence. Tout se passe comme si l'idée concurrentielle, selfishness, polluait petit à petit le jeu, jusqu'à ce qu'on se trouve dans le même situation que celle des «gestionnaires», égoïstes, rationnels, calculateurs et peu gagnants.
C'est une idée clé de l'économie contemporaine: l'anticipation rationnelle, qui débouche sur un mauvais équilibre. J'anticipe que les autres vont être égoïstes. Et les autres pensent de même. On joue donc tous égoïstes, et on perd tous."

*Au-delà de la rareté, Albin Michel, 2001.
**L'expérience a été réellement réalisée en 1998, avec deux équipes de huit.
***On touche ici du doigt l'horreur libérale: jouer perso en pariant que les autres jouent collectif. Balancer mes ordures dans la nature, collective, elle !
(notes de l'auteur).

Bernard Maris, dans l'antimanuel d'économie. 1: les fourmis, chapitre "Marchés et concurrence".

Cette expérience simple illustre très bien ce que je pense du capitalisme vs communisme: si tout le monde était solidaire, le communisme donnerait la meilleure solution pour la société dans son ensemble. Mais il suffit qu'une personne commence à vouloir gagner plus que les autres pour que le système s'écarte de l'équilibre le plus haut pour rejoindre l'équilibre le plus bas, celui du capitalisme, mais qui a l'avantage d'être stable.

Tuesday, November 20, 2007

Confondre croissance et destruction

"Au soldat russe qui n'a pas touché sa solde depuis six mois et qui se morfond dans la nuit glacée d'un casernement sibérien parmi les armes à longue portée et les engins tout terrain, il faudrait une conscience d'acier pour épargner le tigre qui rôde dans les parages et dont les os et la peau, vendus à la frontière, lui permettraient de vivre près de trois ans. La violence faite à la nature est donc à la fois le recours des pauvres qui luttent pour survivre aussi bien que des riches qui détruisent pour propérer, et sa protection passe par la double lutte contre la misère et contre le gaspillage, fléaux complémentaires bien plus qu'antagonistes.
Notre société prospère à la fois sur la pénurie et sur le gâchis, de même qu'elle produit simultanément des biens et des besoins, qu'elle crée une fringale de nourritures grasses en même temps qu'une hantise de la minceur. À la limite, toute différence est abolie entre opulence et misère, entre croissance et destruction. Aux yeux des économistes et des statisticiens, même les nuisances provoquées par les encombrements automobiles, les suréquipements ou les soins médicaux sont comptabilisées en signes de richesse, et la prospérité des vendeurs d'eau minérale ne sera pas chiffrée comme le coût de la pollution des eaux de distribution urbaine mais comme une élévation du niveau et de la qualité de vie, de sorte que les sommes gaspillées à panser les plaies d'un progrès négatif passeront elles-mêmes pour un facteur de progrès positif."

Armand Farrachi, "Les Ennemis de la terre" (cité par Bernard Maris, "Antimanuel d'économie. 1: les fourmis", chapitre "Le langage du pouvoir").

Thursday, November 8, 2007

L'État-gestionnaire

Écrit en 2003, mais encore plus d'actualité en 2007:

"Et voilà que surgit une autre image de l'État, l'État-gestionnaire, loup vêtu d'une peau de mouton et d'un cotillon de savant, qui explique les lois économiques qui vont faire le bonheur des sujets: je réduis l'impôt de solidarité sur la fortune, pour éviter que les capitaux ne quittent la France et afin que ces capitaux fassent tourner des entreprises qui créent des emplois et des richesses. Logique imparable, s'il en est. Je pourrais dire: je réduis l'impôt des riches pour que les riches soient encore plus riches, ce qui tue les services publics et appauvrit la nation. Mais, c'est vrai, c'est plus délicat à avouer. L'État-providence a vécu. L'État-partisan masqué par l'État-gestionnaire renaît sous nos yeux."

Bernard Maris, dans l'antimanuel d'économie. 1: les fourmis, chapitre "Le langage du pouvoir"

Wednesday, November 7, 2007

Où sont les morts provoqués par les économistes ?

Tiens, voilà une critique de Jeffrey Sachs, notamment, par Jacques Chavagneux, interviewé par Jacques Sapir, dans Alternatives économiques, cité par Bernard Maris, dans l'antimanuel d'économie. 1: les fourmis, chapitre "Le langage du pouvoir" (je savais bien qu'il fallait que je lise ce livre juste après celui de Jeffrey Sachs, qui m'avait paru assez convainquant, pour avoir des contrepoints !):

"En Russie, la surmortalité actuelle provient en partie de la destruction des systèmes sociaux et d'hygiène, résultat des coupes budgétaires imposées par les économistes qui ont conseillé les gouvernements, de Jeffrey Sachs à Stanley Fischer. Ces économistes ont également sur la conscience la situation de désespoir, de voie sans issue qu'ils ont contribué à créer par leurs conseils erronés: le taux de suicide a explosé chez les jeunes, ainsi que des comportements facilitant la montée de la prostitution ou de la criminalité. On a maints exemples d'une détérioration dramatique des cadres de vie liée aux politiques prescrites par ces experts en Amérique latine, par exemple aujourd'hui en Argentine. Les recettes du FMI ont conduit l'Indonésie au marasme et au bord de l'éclatement interethnique et de la guerre civile, alors que, à l'opposé, la Malaisie traversait la crise de 1997 sans trop de mal en suivant une politique opposée (incluant en particulier le contrôle des changes). Il est clair que les économistes responsables des divers désastres que l'on a connus ne les ont pas voulus. Une bonne partie d'entre eux ont donné leurs conseils avec les meilleures intentions du monde. Rappelons-nous le mot de Guillaume II devant les charniers de la Première Guerre mondiale: «Je n'avais pas voulu cela.» Et rapprochons cette phrase de l'aveu de Michel Camdessus, l'ancien directeur général du FMI, reconnaissant que l'action du FMI avait créé en Russie «un désert institutionnel dans une culture du mensonge». Il n'en reste pas moins que l'on n'est pas jugé sur ses intentions, on l'est sur ses résultats."

Alors, qui a raison ??

Saturday, November 3, 2007

De l'absurdité des guerres de religions

"Le contraste est frappant [...] quand des nations en guerre affirment l'une et l'autre avoir pour elles un Dieu qui se trouve ainsi être le dieu national du paganisme, alors que le Dieu dont elles s'imaginent parler est un Dieu commun à tous les hommes, dont la seule vision par tous serait l'abolition immédiate de la guerre."

Henri Bergson, "Les Deux Sources de la morale et de la religion", cité dans Philosophie Magazine, n. 13 (octobre 2007).

Georges Bush ferait bien de lire Bergson !...

Friday, November 2, 2007

A quoi sert la vie ?

"La vie, c'est un peu de temps donné à des libertés pour, si on veut, apprendre à aimer, pour préparer la rencontre avec l'Eternel. Amour dans le toujours de l'au-delà du temps."

Abbé Pierre, "L'Abbé Pierre parle aux jeunes".