Monday, March 10, 2008

Un autre mode

"«Le modèle de développement suivi par tous les pays jusqu'à aujourd'hui est fondamentalement non durable, au-delà des arguties qui entourent le concept de développement durable. Ce développement fait en effet largement appel à la disposition d'une énergie bon marché, essentiellement tirée des combustibles fossiles. On sait bien que la quantité disponible à des coûts raisonnables est finie et ne permettra pas le développement prévisible de tous les pays de la planète pendant beaucoup plus d'un siècle. Le changement climatique induit par l'émisssion dans l'atmosphère du gaz carbonique résultant de la combustion des ressources fossiles conduit à envisager sérieusement des échéances beaucoup plus proches: c'est un problème dont l'importance à l'échelle de quelques decennies est largement admise.» Ces lignes ne sont pas d'un gauchiste irresponsable. Elles sont signées par l'un des experts français du très officiel Groupe d'experts intergouvernementaux sur l'évolution du climat (Giec), mis en place par l'Organisation météorologique mondiale et le programme des Nations Unies pour l'environnement: Michel Petit, membre du Conseil général des technologies de l'information, qui fut longtemps le directeur de la recherche de l'École polytechnique.
Dès lors, il faut que la modernité choisisse ce qui lui est le plus essentiel: son exigence éthique d'égalité, qui débouche sur des principes d'universalisation, ou bien le mode de développement qu'elle s'est donné. On ne peut à la fois vouloir conserver son morceau de gâteau et le manger. Ou bien le monde actuellement développé s'isole, ce qui voudra dire de plus en plus qu'il se protège par des boucliers de toutes sortes contre les agressions que le ressentiment des laissés-pour-compte concevra chaque fois plus cruelles et plus abominables; ou bien s'invente un autre mode de rapport au monde, à la nature, aux choses et aux êtres, qui aura la propriété de pouvoir être universalisé à l'échelle de l'Humanité."

Jean-Pierre Dupuy, Pour un catastrophisme éclairé. Quand l'impossible est certain, cité par Bernard Maris dans l'Antimanuel d'économie. 2. Les cigales, chapitre "Économie et écologie ou comment «j'ai tué Maman»".

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