Sunday, August 31, 2008

Destruction

"Les forêts précèdent les peuples, les déserts les suivent."

F. R. de Chateaubriand, cité par Hubert Reeves, Mal de Terre, chapitre "Qu'est-ce qu'on va manger ce soir ?".

Wednesday, August 27, 2008

Ils sont fous ces économistes !

"Mon premier contact avec le problème de la consommation d'énergie globale remonte à la fin des années 1950. L'un de nos enseignants, Philip Morrison, professeur de physique à l'université Cornell aux États-Unis, est arrivé brandissant, furieux, une copie du New York Times : « Ils sont complètement inconscients ces économistes : ils annoncent fièrement la progression prodigieuse et prolongée du produit national brut de la nation. À ce taux, disent-ils, nous doublerons notre consommation d'énergie à l'échelle mondiale en moins de dix ans ! Ils n'ont pas l'air de réaliser qu'à ce rythme nous consommerons dans cent cinquante ans autant d'énergie que le Soleil et dans mille ans autant que toutes les galaxies de l'univers ! »

Hubert Reeves, Mal de Terre, chapitre "Quelles énergies pour demain ?"

Monday, August 25, 2008

Des prophètes de malheurs

À la question suivante de Frédéric Lenoir:
"Il y a dans l'histoire une longue tradition de cassandres et de prophètes de malheurs. Ne craignez-vous pas d'être assimilés à ces annonciateurs d'apocalypse imminente ? Les cris d'alarme lancés aujourd'hui par vous et par d'autres ne sont-ils pas un couplet de plus dans cette longue litanie ? Sont-ils vraiment fondés sur des faits bien établis ?",
Hubert Reeves répond:
"C'est la question que nous devrons garder à l'esprit tout au long de ces chapitres. Nous essaierons d'estimer au plus juste le degré de crédibilité de ces assertions. Le devoir du scientifique est de jauger avec un esprit critique la mesure des menaces actuelles et de présenter les résultats et leurs éléments de preuve avec la plus grande prudence.
Nous ferons grand cas de ce qu'on appelle le « principe de précaution* ». Doit-on, en effet, attendre d'avoir la preuve complète et irréfutable de l'existence d'un danger pour le prendre au serieux ? Si vous voyez de la fumée dans votre cuisine, vous vous alarmerez avant d'avoir la certitude absolue qu'il y a le feu...
Incidemment, on peut constater que les prévisions alarmistes du passé, même lorsqu'elles se sont révélées exagérées ou erronées, ont souvent joué un rôle utile. Leurs signaux d'alarme ont largement contribué à réduire l'ampleur des catastrophes annoncées.

Prenons par exemple les alarmes concernant l'avenir de la biosphère. La prise de conscience de ce problème remonte au début des années 1960. Dans un livre célèbre, The Silent Spring, Rachel Carson exprimait les plus vives inquiétudes face à l'utilisation massive d'un nouveau pesticide, le DDT, qui allait selon elle exterminer les oiseaux et empoisonner des millions de personnes.
En 1968, selon Lamont Cole, écologiste à l'université Cornell, la combustion des carburants fossiles allait réduire l'oxygène atmosphérique au point de rendre l'air irrespirable.
Dans son livre The Population Bomb, publié en 1968, Paul Erlich annonçait que le smog (pollution atmosphérique créé par la combustion du charbon) allait tuer des dizaines de milliers de personnes, que l'Inde allait subir des famines massives et qu'avant l'an 2000 les eaux des océans seraient toxiques et vides de poissons.
Ces catastrophes, fort heureusement, ne se sont pas produites telles qu'annoncées. Mais ces déclarations ont joué un rôle important pour la suite des événements. En partie grâce au livre de R. Carson, l'emploi du DDT a été largement interdit, même si ses effets sont encore présents. Cole se trompait: brûler les carburants ne réduit pas l'oxygène de l'air, mais engendre l'effet de serre et réchauffe la planète. Son alerte a eu l'effet heureux de soulever cet autre problème, d'une extrême gravité. Les famines indiennes annoncées par P. Erlich ont été évitées grâce à la révolution verte, mais l'Inde, ayant doublé sa population, affronte le futur avec beaucoup moins de forêts et de terres arables. Les océans ne se sont pas vidés de leurs poissons à l'échelle décrite par P. Erlich. Mais de nombreuses espèces sont à ce point décimées aujourd'hui que leur pêche est interdite.
Les « alarmistes » se sont peut-être parfois trompés, ou ont exagéré les problèmes, mais ils ont joué un rôle important en donnant un signal d'alarme nécessaire."

* Le « principe de précaution » défini par l'ONU en 1994 s'énonce ainsi:
« Quand il y a risque de perturbations graves ou irréversibles, l'absence de certitudes scientifiques absolues ne doit pas servir de prétexte pour différer l'adoption de mesures.»

Hubert Reeves, Mal de Terre, prologue "L'avenir de la vie sur la Terre" (et notes du prologue).

Tuesday, August 12, 2008

Les petites choses

"Peu importe si ce que vous devez faire est insignifiant. Faites-le aussi bien que possible. Mettez-y autant de soin et accordez-y autant d'attention qu'à ce qui vous paraît le plus important. Car on vous jugera sur ces petites choses."

Mohandas Gandhi, Tous les hommes sont frères, chapitre "Sur des sujets divers".

Monday, August 11, 2008

Ne pas déifier la raison

"Les rationalistes sont des êtres admirables, mais le rationalisme est un monstre hideux quand il se prétend tout-puissant. Attribuer toutes les possibilités à la raison c'est faire preuve d'une idolâtrie d'aussi mauvais goût que de déifier des objets inanimés. Je ne plaide pas pour que la raison soit étouffée mais pour la juste reconnaissance de ce qui en nous sanctifie la raison."

Mohandas Gandhi, Tous les hommes sont frères, chapitre "Sur des sujets divers".

Rappelons que Gandhi place la raison au tout premier plan de sa conduite de vie ("Ma foi dans les écritures hindoues ne me conduit nullement à croire que chaque mot et chaque verset sont inspirés par Dieu... Je me refuse à me sentir lié par toute interprétation qui répugnerait à la raison ou à la morale, même si elle était irréfutable pour des exégètes.", voir ce post).
Mais comme toujours ses positions sont nuancées pour ne jamais tomber dans aucun extrémisme.

Thursday, August 7, 2008

Effort et résultat

"Le but s'éloigne sans cesse de nous. Plus nous avançons, plus nous devons admettre notre nullité. Notre récompense se trouve dans l'effort et non dans le résultat. Un effort total est une complète victoire."

Mohandas Gandhi, Tous les hommes sont frères, chapitre "Sur des sujets divers".

Cela me fait penser aux paroles suivantes d'une chanson de Mano Solo (Le Monde Entier):
"dans la vie ce qui compte
c'est pas l'issue mais c'est le combat"

Voir aussi ce post de François.

Wednesday, August 6, 2008

Le futur appartient à la femme

"C'est une calmonie de parler de sexe faible à propos d'une femme. L'homme est le responsable de cette injustice. Si par force on entend brutalité, alors, oui, la femme est moins brutale que l'homme. Mais si la force est synonyme de courage moral, alors la femme est infiniment supérieure à l'homme. N'a-t-elle pas beaucoup plus d'intuition, d'abnégation, d'endurance et de courage ? Sans elle, l'homme ne pourrait pas être. Si la non-violence est la loi de notre être, le futur appartient à la femme... Qui, mieux que la femme, sait parler au coeur et toucher son point le plus sensible ?"

Mohandas Gandhi, Tous les hommes sont frères, chapitre "La mission de la femme".

Cela me fait penser à la chanson de Renaud, Miss Maggie.

Tuesday, August 5, 2008

L'esprit obtus

"Je trouve que j'ai l'esprit obtus. Il me faut plus de temps qu'à d'autres pour comprendre certaines choses, mais cela m'est égal. Il y a des limites au développement de l'intelligence d'un homme. Mais il n'y a pas de bornes au développement des qualités du coeur."

Mohandas Gandhi, Tous les hommes sont frères, chapitre "Sur des sujets divers".


Sunday, August 3, 2008

Du pouvoir de l'État

"C'est avec la plus vive appréhension que je verrai s'agrandir le pouvoir de l'État ; car, même si apparemment il fait du bien en réduisant de son mieux le nombre des exploités, il fait le plus grand mal à l'humanité en étouffant la part d'initiative individuelle qui est à l'origine de tout progrès. Nous connaissons de très nombreux cas où la gestion tutélaire a été adoptée, mais pas un seul où l'État existait vraiment pour les pauvres."

Mohandas Gandhi, Tous les hommes sont frères, chapitre "Le peuple et la démocratie".