Thursday, June 26, 2008

Tolérance

"Je ne porte pas de jugements sur le monde et ses méfaits. Étant moi-même imparfait et ayant besoin de tolérance et de charité, je tolère à mon tour les défauts du monde jusqu'à ce que je trouve ou ménage le joint qui me permettra d'y porter remède."

Mohandas Gandhi, Tous les hommes sont frères, chapitre "En guise d'autobiographie".

Tuesday, June 24, 2008

Voix intérieure

"Je ne demande à personne de me suivre. Chacun devrait rester à l'écoute de sa petite voix intérieure et agir en conséquence; et, si l'on n'a pas d'oreilles pour écouter, il ne reste plus qu'à faire de son mieux. En aucun cas, il ne faut imiter les autres comme un mouton."

Mohandas Gandhi, Tous les hommes sont frères, chapitre "En guise d'autobiographie".

Le sujet n'a rien à voir (quoique si nous écoutions un petit peu plus nos voix intérieures, cela aiderait), mais je vous recommande de lire ce texte (Si Gandhi était encore parmi nous) d'un journal indien traduit en français sur le site de Courrier International (merci Davy pour m'avoir envoyé cet article).

Monday, June 23, 2008

Bombe atomique

"Lorsque j'appris que la ville de Hiroshima avait été anéantie par une bombe atomique, je ne laissai paraître aucune émotion. Je me dis tout simplement: « L'humanité court à son suicide si le monde n'adopte pas la non-violence. »"

Mohandas Gandhi, Tous les hommes sont frères, chapitre "En guise d'autobiographie".

Le monde n'a pas (encore?) adopté la non-violence, et les armes nucléaires n'ont pas arrêté de proliferer. La mise en garde de Gandhi est donc d'autant plus d'actualité!

Thursday, June 19, 2008

Ahimsa

Gandhi nous propose sa vision pragmatique et authentique de la non-violence, à l'opposé d'une vision dogmatique qui voudrait qu'il soit interdit de donner la mort au nom de la non-violence:

"Il y a quelques jours, à l'ashram, un veau qui s'était blessé, gisait sur le sol, en pleine agonie. L'animal avait reçu tous les soins possibles. Mais, selon le vétérinaire que nous avions consulté, le cas était désespéré. La pauvre bête souffrait tellement que le moindre mouvement la faisait hurler de douleur.
Dans ces circonstances, j'estimais que la pitié la plus élémentaire exigeait qu'on mît fin à cette agonie en achevant l'animal. La question fut soulevée en présence de tous les membres de l'ashram. Au cours de la discussion, un voisin fort estimable s'opposa avec véhémence à ma suggestion. Selon lui, on n'a pas le droit de détruire ce qu'on est incapable de créer. Cet argument aurait été valable si on agissait en l'occurrence dans un intérêt égoïste. Mais ce n'était pas le cas. Finalement, en toute humilité mais sans la moindre hésitation, je fis donner le coup de grâce à l'animal en demandant au vétérinaire de le piquer. Ce fut l'affaire de deux minutes.
Je savais que l'opinion publique, surtout à Ahmedabad, me désavouerait et verrait dans mon acte un manquement à l'ahimsa. Mais je sais non moins bien qu'il faut faire son devoir sans se soucier de l'opinion des autres. J'ai toujours considéré que chacun devait agir selon sa propre conscience, même si les autres vous donnent tort. L'expérience a confirmé à mes yeux le bien-fondé de ce principe. C'est ce qui fait dire au poète: « le sentier de l'amour passe par l'épreuve du feu; les timorés s'en détournent ». Le sentier de l'ahimsa, c'est-à-dire de l'amour, doit souvent être parcouru en toute solitude.
On pourrait, non sans raison, me poser la question: Auriez-vous procédé de la même manière si, au lieu d'un veau, vous aviez eu affaire à un être humain? Aimeriez-vous qu'on vous traite de la même façon? Je réponds: « oui ». Le même principe vaut pour ces deux cas. Ce qui s'applique à une situation doit être applicable à toutes. Cette règle ne souffre aucune exception, ou alors le fait de tuer ce veau était un acte mauvais et violent. Toutefois, si on n'abrège pas les souffrances des êtres qui nous sont chers, en mettant un terme à leurs jours, c'est qu'en général on dispose d'autres moyens pour les secourir et qu'ils peuvent eux-mêmes décider en connaissance de cause. Mais, supposons qu'un ami se débatte dans les affres de l'agonie. Le mal dont il souffre est incurable et je ne peux rien pour atténuer son supplice. Dans ce cas, s'il n'a même plus de conscience réfléchie, le recours à l'euthanasie ne me semblerait nullement contraire aux principes de l'ahimsa.

Mohandas Gandhi, Tous les hommes sont frères, chapitre "En guise d'autobiographie".

Tuesday, June 17, 2008

Anti-dogmatisme

"Je n'ai pas la prétention de considérer [mes] expériences comme un modèle de perfection. Mon attitude à leur égard est, ni plus ni moins, celle d'un savant: en dépit de toute la minutie qu'il apporte à ses expériences et quel que soit leur degré de préparation et de précision, il n'accorde jamais de valeur définitive aux conclusions qu'il en tire, mais se tient prêt au contraire à les remettre en question."

Mohandas Gandhi, Tous les hommes sont frères, chapitre "En guise d'autobiographie".

Monday, June 16, 2008

For the beauty of science

"But we must not forget that when radium was discovered no one knew that it would prove useful in hospitals. The work was one of pure science. And this is a proof that scientific work must not be considered from the point of view of the direct usefulness of it. It must be done for itself, for the beauty of science, and then there is always the chance that a scientific discovery may become like the radium a benefit for humanity."

Marie Curie, "On the discovery of radium", speech delivered in 1921.

We should always keep this in mind, and resist the spreading of the capitalist logic into the realm of research, as is being done for example right now in France to the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) with the recently created Agence Nationale de la Recherche (ANR).

Wednesday, June 11, 2008

Démocratie et écologie

"On peut se demander si la démocratie, qui est le pire des systèmes, à l'exclusion de tous les autres*, est la bonne plate-forme politique pour jeter les bases d'une gouvernance environnementale et économique mondiale.

Les démocraties vivent sur une culture de court terme, de compromis sinon de clientélisme. Ceux qui nous gouvernent ne sont pas fondamentalement plus éclairés ou plus compétents que leurs électeurs, ils exécutent leurs désirs souvent recueillis par des sondages d'opinion au fil de l'eau. Les élites font davantage dans le registre d'une gouvernance compassionnelle que dans la promotion d'un courage politique. Ceux qui gouvernent entretiennent notre schizophrénie, enregistrent nos plaintes et flattent notre immaturité mais ne sont certainement pas chargés de promouvoir un autre projet de société. Infantilisés, nous nous tournons pour régler les problèmes vers nos dirigeants, lesquels en retour n'ont qu'une crainte, celle de nous déplaire !
Les élus ne sont pas responsables de notre inertie. Trop gâtés, les citoyens en démocratie ? Oui, assurément trop habitués au confort matériel, au repli narcissique et à l'indigence intellectuelle, les citoyens des régimes démocratiques n'ont plus faim, ils sont gavés et infantilisés, allergiques aux mots qui font peur: rigueur, faillite, effort, rupture, guerre. Mais aussi don, générosité, partage. Comment trouver la lucidité et le courage pour changer radicalement et militer pour une restructuration fondamentale ? Les démocraties sont myopes, vieillissantes et faibles. Quand on mesure la difficulté pour ces pays de recevoir le Dalaï Lama chez eux** ou de contrôler des sites nucléaires, on peut émettre des doutes sur notre capacité à proposer un projet de civilisation.

Depuis l'Europe, nous oublions à quel point le monde est jeune et en effervescence. Il faudra faire toute sa place à cette jeunesse qui sera en première ligne et lui donner les moyens de s'exprimer, d'agir. Les non-décisions qui sont prises aujourd'hui, le sont par des élites vieillissantes et technocratiques, nourries au mythe du progrès, repliées sur elles-mêmes. Nos dirigeants ne portent aucun projet, ne transmettent aucun message à la hauteur de l'enjeu. Il faudra entendre notre jeunesse, même si en matière de droits de vote il est plus intéressant de choyer les anciens.

Mais, en dépit de toutes ses faiblesses, les régimes démocratiques sont les mieux armés pour diffuser l'information, initier des réflexions et parfois prendre les devants comme le fait en ce moment l'Union européenne avec le Protocole de Kyoto qu'elle tient à bout de bras. La priorité est bel et bien d'éduquer, d'expliquer sans relâche, de prendre l'information à la source, d'écouter ceux qui savent, de convaincre, et surtout d'inventer... C'est uniquement dans un cadre démocratique que pourront se mobiliser les citoyens pour bâtir progressivement une nouvelle gouvernance mondiale. Aucune autre structure n'est en mesure de le faire. Pacifiquement, il n'existe aucune autre alternative."

Geneviève Ferone, 2030, le krach écologique, chapitre "Une communauté de destins".

* cette citation est de Winston Churchill:
"Democracy is the worst form of government, except for all those other forms that have been tried from time to time" (source: article Démocratie de Wikipedia).

** quand je pense que notre ex-premier ministre Jean-Pierre Raffarin a critiqué le maire de Paris Bertrand Delanoë pour avoir récemment décerné le titre de citoyen d'honneur de la Ville de Paris au Dalaï-Lama, tout ça par peur que les Chinois boycottent les produits français parce qu'on a osé protester contre la répression brutale d'une manifestation tibétaine juste avant les Jeux Olympiques. Quand le commerce passe avant les principes...

Monday, June 9, 2008

Abeilles

Je n'y avais jamais pensé, mais c'est un exemple frappant de l'importance qu'une seule espèce animale particulière peut avoir pour l'Homme:

"Einstein ne disait-il pas que si les abeilles disparaissaient, l'humanité en avait pour quatre ans ? Qui pollenisera la nature à leur place ?"

Geneviève Ferone, 2030, le krach écologique, chapitre "Terre et mer nourricières ?".

Sunday, June 8, 2008

De l'ignorance à la schizophrénie

"Progressivement, l'ignorance, l'indifférence ont laissé la place à une schizophrénie qui atteint des sommets. Schématiquement nous savons, merci encore à Nicolas Hulot et à Al Gore, que nous allons dans le mur. On ne peut pas être toujours plus nombreux à consommer toujours plus gloutonnement des ressources en voie d'épuisement et ce, indéfiniment. Mais nous faisons exactement comme si nous n'y croyions pas. Un psychanalyste serait beaucoup plus utile qu'un économiste ou qu'un climatologue pour élucider ce phénomène de résistance collective. L'Homme est-il incapable de maturité quand il se fond dans un groupe ? Au moment même où nous devons réfléchir à notre destin en termes de civilisation et non plus de marché commun, la frivolité des valeurs fait ressembler la planète à une gigantesque cour de récréation. Nous sommes impuissants à voir les choses comme elles sont. Par notre inaptitude à s'abstraire du présent, à se soucier des conséquences réelles, c'est-à-dire lointaines, de nos actes, nous nous conduisons comme des enfants que nous avons pourtant cessé d'être."

Geneviève Ferone, 2030, le krach écologique, chapitre "Tous schizophrènes".

Thursday, June 5, 2008

Poème

Belle strophe dont l'auteur n'est pas précisé (si quelqu'un le reconnaît, merci de me le dire):

"Homme libre, la mer est ton miroir tu contemples ton âme."

Cité par Geneviève Ferone, 2030, le krach écologique, chapitre "Terre et mer nourricières ?".

Wednesday, June 4, 2008

Réfugiés climatiques

Voici à mon avis l'une des conséquences les plus graves du changement climatique:

"Quand une niche écologique se modifie pour des raisons climatiques, on assiste à ce que l'on appelle la dispersion des espèces qui y vivent pour s'adapter aux nouvelles conditions. Cela s'applique aussi aux hommes. En 2003, le rapport du GIEC* jette un pavé dans la marre: 200 millions de personnes seront déplacées d'ici à 2050 à cause du réchauffement climatique. Ce sont les réfugiés climatiques. Cette estimation, abondamment relayée par la presse, met en évidence les conséquences humaines des changements climatiques dans nos sociétés qui ne sont absolument pas préparées à encaisser de telles ondes de choc. Devant l'ampleur des problèmes annoncés - 200 millions de personnes ce n'est pas rien, essentiellement au Sud - et dans un contexte de raréfaction des ressources, la prise de conscience collective semble progresser, mais à petits pas...
Si les prévisions du GIEC se réalisent, déjà en moins de 40 ans nous devrons gérer des déplacements de populations plus importants que lors de la colonisation des Amériques du XVIe au XVIIIe siècle. Avec une différence notable: à l'époque l'Amérique offrait d'immenses territoires vides. La Terre d'aujourd'hui est surpeuplée, particulièrement au Sud où la croissance démograpique continue de battre son plein.
Il faut aussi noter que les zones les plus à risques, deltas des fleuves et plaines côtières, du fait de la montée des océans, sont parmi les zones les plus peuplées sur Terre, car c'est là, les terres étant les plus productives, que l'Homme s'est installé en premier.
Les stratégies que développent tous les pays riches pour garder les réfugiés et les immigrants à l'extérieur de leurs frontières, risquent de ne pas peser lourd face au caractère inéluctable et massif des migrations à venir (difficile de convaincre quelqu'un de rester chez lui quand sa survie est en cause...). A regarder les difficultés actuelles de l'Espagne et de l'Italie, aux avant-postes géographiques de l'Europe, à contenir des flux, pourtant encore bien limités, on peut légitimement se demander si nous aurons la capacité de gérer, humainement, cette émigration forcée de populations et de choisir notre immigration. Pour autant, contrairement aux idées reçues, ce sont les pays pauvres qui seront les premiers en ligne et qui supportent déjà l'essentiel de ces afflux massifs de réfugiés. Ces dix dernières années, 72% des demandeurs d'asile ont été accueillis dans des pays du Sud. Dans ces conditions, il serait naïf de croire que cette situation pourra perdurer sans conflits au sein même de ces Etats comme au plan international."

Geneviève Ferone, 2030, le krach écologique, chapitre "Démographie, croissance et environnement".

* Groupe Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat.

Ceci montre bien la naïveté du concept d'immigration "choisie", cher à notre Président Nicolas Sarkozy, qui est un luxe que nous ne pourrons pas nous offrir pendant très longtemps encore sans conflits. Sans parler du fait que je trouve ce concept abominable...

Monday, June 2, 2008

Empreinte écologique

"Selon une méthode développée par l'organisation non gouvernementale WWF, World Wildlife Fund, notre empreinte écologique se mesure en hectares. Prenons un exemple concret: pour consommer 1 kilo de pain, il faut une certaine surface de sol pour faire pousser du blé (et construire la boulangerie), de l'énergie pour le cuire et le transporter. La planète offre une certaine biocapacité, c'est-à-dire ce qui peut être produit biologiquement au niveau de la planète. Est pris en compte dans le calcul de l'empreinte l'utilisation de l'espace pour les cultures, l'élevage, les forêts pour le matériau ou le bois de chauffage, la pêche, le foncier, les routes et la production de l'énergie.
La moyenne mondiale de l'empreinte écologique est de 2,2 hectares par Terrien. Il faut tout d'abord remarquer une grande diversité entre les pays: l'empreinte écologique varie de 0,8 hectare par habitant en Inde à 9,6 hectares aux Etats-Unis; les Emirats arabes unis sont à plus de 10 hectares par habitant: en effet, ils dessalent l'eau de mer en utilisant du pétrole. Dans les pays développés, l'énergie représente 60% de cette empreinte écologique. Si on n'en tenait pas compte, une seule planète serait suffisante. C'est bien la question de l'énergie et donc de nos modes de production et de consommation, toute notre mobilité, qui rend notre empreinte si forte. Si l'ensemble des habitants de la planète vivaient comme un Américain en 2008, il faudrait à l'humanité cinq planètes de rechange pour garantir le même niveau de vie.*
Bien qu'imparfaite, la méthode de l'empreinte écologique est une remarquable visualisation de notre «droit au sol» réparti entre tous les habitants de la Terre. Vers 1985, selon le mode de calcul de l'empreinte écologique, la demande a dépassé l'offre, autrement dit nous vivons à crédit et accumulons une dette écologique.

Que cela hérisse le poil ou pas des mammifères omnivores que nous sommes, nous vivons dans un écosystème fini. La capacité de la Terre à entretenir notre espèce est largement entamée. Nos échappatoires sont réduites. Si dans un mouvement de folie (ou de sagesse?) le monde entier acceptait de devenir végétarien et de ne laisser que peu de chose ou rien à l'élevage, l'actuel 1,4 milliard d'hectares de terre arable pourrait entretenir environ 10 milliards d'habitants*. Si l'homme utilisait comme nourriture toute l'énergie captée par la photosynthèse réalisée par les végétaux, tant terrestres que marins - soit quelque 40 000 milliards de watts -, la planète pourrait entretenir environ 17 milliards d'habitants. Entre-temps la Terre serait cependant devenue un enfer, telle que dépeinte dans ce film visionnaire Soleil vert. Dans les vingt prochaines années, il semble peu probable que nos goûts ou notre métabolisme nous conduisent à de tels comportements alimentaires. En outre, l'homme doit partager son espace, toujours plus réduit par la pression démographique, pour d'autres besoins que ses stricts besoins alimentaires. Le sol est de plus en plus occupé pour construire des villes qui s'étendent toujours davantage, produire de l'énergie renouvelable (biocarbutants, ferme éolienne, photovoltaïque) et développer les infrastructures de transports, notamment dans les pays émergents.
Dans les vingt prochaines années, il n'y a aucunement à compter sur une baisse de la démograpie pour relâcher la pression sur les ressources énergétiques et aussi vivrières que nous nous partageons. Bien au contraire. Notre empreinte écologique va s'alourdir en raison de la croissance économique de l'Inde et de la Chine conjuguées."

Geneviève Ferone, 2030, le krach écologique, chapitre "Démographie, croissance et environnement".

* mis en gras par moi.

Voici une bonne raison de devenir végétarien !
D'après les Nations Unies, la population mondiale pourrait atteindre les 10 milliards d'individus en 2040, si la fertilité reste constante (voir http://esa.un.org/unpp). Etant donné l'augmentation des besoins d'espace pour nous loger et produire de l'énergie, il n'y a guerre de chance que les surfaces arables augmentent. Donc si nous voulons pouvoir nourrir tout le monde d'ici 2040, il faut renoncer à l'élevage !