Sunday, July 8, 2007

J'aime, donc Dieu existe

Je me suis souvent demandé d'où venaient les valeurs morales, qui semblent universelles, tout comme les règles de la logique, qui semblent évidentes.
Les secondes peuvent peut-être s'expliquer par l'apprentissage du monde qui nous entoure, nous avons remarqué que certaines actions entrainaient certaines conséquences, que des règles régissaient certains phénomènes physiques et nous permettaient de prévoir leur évolution (avec plus ou moins de précision bien sûr). Mais la morale peut-elle s'expliquer logiquement ? Du genre "tu ne feras pas à autrui ce que tu n'aimerais pas qu'il te fasse" ? Mais en toute bonne logique la proposition suivante ne s'ensuit pas: "fais à autrui ce que tu aimerais qu'il te fasse", car si autrui ne te rend pas la pareille alors à quoi bon être bon envers lui ? Et pourtant cette proposition s'appelle l'altruisme, une valeur centrale de la morale. L'Amour non plus ne s'explique pas par la logique (je ne parle pas ici de l'amour charnel). Et si ces sentiments que nous ressentons n'étaient pas un signe fort de l'existence de Dieu ?
L'Abbé Pierre utilise des images pour l'expliquer (Mémoire d'un croyant):

"Imaginons qu'un écrou tombe quelque part au passage d'un camion dans un village primitif où l'on n'a jamais vu de mécanique. S'il se trouve un homme très intelligent, à force de regarder comment est fait l'écrou il saura ce qu'est un boulon. Imaginons maintenant la cire dont on vient de retirer le sceau: quand la cire est sèche, je peux, en l'observant, connaître jusqu'au plus petit détail du sceau. La cire a tout retenu, en creux. De la même manière nous pouvons avoir une certaine notion de Dieu en étant attentifs à nos aspirations, à nos désirs d'amour, puisque l'Écriture nous dit que nous sommes "à l'image de Dieu". Ainsi, en observant tout ce qui vient en désir, en appel, "en creux" en nous, nous pouvons deviner quelque chose de Dieu."

6 comments:

danielbroche said...

Ta disgression me rappelle des textes des lumières

La principale interrogation du scientifique n'est pas tellement sur l'existence de Dieu mais plutot dans sa définition et son pouvoir sur la réalité

Tout prouve l'existence de Dieu. Mais quelles sont les consquences irréfutables de son existence ?

L'Amour?...

Cedric said...

Oui, si tu appelles Dieu les lois qui regissent l'univers, comme Einstein, alors il n'y a pas d'interrogation sur son existence. Mais dans ce cas il ne se soucie pas plus des hommes que des pierres et cela ne nous apporte pas grand chose.
Donc la question est de savoir si le Dieu des religions monotheistes, qui a un interet particulier dans l'Homme, existe. C'est la premiere fois que je lis une reflexion qui me convainque dans ce sens. Et du coup l'Amour n'est pas une consequence de l'existence de Dieu mais sa definition meme !

Il reste une question qui me turlupine encore: sommes-nous les seuls etres capables d'amour, de le choisir librement, les seuls etres que Dieu aurait cree a son image ? Pourquoi avoir attendu si longtemps ? Pourquoi ces milliards d'annees de construction de l'univers, de l'evolution de la vie, pour finir enfin par aboutir a l'Homme, qui n'existe que depuis un clin d'oeil au regard de l'age de l'univers ? N'y-a-t'il pas des animaux aussi capables d'amour libre ? Des plantes meme ? Pourquoi uniquement nous ???

Davy said...

éternelle question sur l'existence de Dieu que l'on contourne en en altérant la définition. Personnellement je ne me résignerai pas à croire en Dieu. Déjà pour l'Amour, je doute fortement que ce concept glorifié ne doive pas être ramené à une somme d'émotions, de réaction physiques et physiologiques et une exaltation grisante.

Le passif des religions n'est plus justifié par leur impact positif sur la société, ou plutôt on pourrait les remplacer par un équivalent laïque basé sur, oui, une forme d'Amour, mais aussi débarassé de considérations mystiques qui ne servent qu'à justifier certains intégrismes/fanatismes (les vierges promises aux terroristes qui se font exploser)

Mmm, c'est pas clair...

Cedric said...

Pour moi il ne s'agit pas de se résigner à croire en Dieu, mais d'arriver à y croire !
Se résigner implique abandonner l'idée d'atteindre une situation meilleure. Pour moi les croyant ont l'air bien plus heureux que les non-croyants, car ils ont trouvé une signification à leur vie et l'espoir. Malheureusement à cause de ma raison qui se pose toujours des questions, j'ai du mal à ne pas me résigner à ne pas croire en Dieu.

Je ne pense pas qu'on puisse réduire l'amour à une somme d'émotions, de réaction physiques et physiologiques. Je ne parle pas ici de l'amour grisant que l'on peut ressentir quand on est amoureux d'une personne particulière, mais de l'amour du poëme des Corinthiens, de l'amour gratuit, qui ne cherche pas son intérêt.

Quand au passif (et actif !) des religions, c'est une des raisons qui m'en avait eloigné quand j'étais plus jeune. Mais ce n'est pas parce que les humains sont faillibles et ne font pas ce qu'ils disent aux autres de faire (tu es le premier de ceux-là !), qu'il faille rejeter le concept de la spiritualité en bloc.

Maintenant chacun est libre de croire ou de ne pas croire, et c'est très bien comme ça !

Davy said...

ça me rappelle un long débat avec Frédérique sur la spiritualité ! D'abord opposé à toute spiritualité, j'ai du accepter une définition qui si je la refuse fait de moi une boîte de conserve.
La merveille de l'homme c'est d'avoir fait émerger l'esprit d'un ensemble de réaction chimiques.
De cet esprit naissent des sentiments et leurs exaltations, les passions, dont l'amour. Mais aussi la sagesse. Et l'amour de la sagesse, la philosophie.
Pour atteindre le bonheur, un bonheur justifié et durable, je crois beaucoup plus à la valeur de la sagesse et de la philosophie que la croyance en un Dieu, car elles sont plus raisonnées et sont plus difficiles à utiliser pour justifier des excès et abus de pouvoir.
De la religion, j'extrais ce qui me semble bon : les valeurs, des règles de vie, une philosophie de la vie. Mais je renonce à toute la dimension de pouvoir (surtout quand on voit comment tourne le pape) et surtout de métaphysique. La physique est suffisamment riche de mystères pour ne pas se demander comment on été fixées les lois universelles, et surtout je pense que c'est un savoir qui est inaccessible : quelle que soit l'hypothèse (dieu ou pas dieu par ex.), il est impossible de la vérifier ou de la contredire et le résultat n'a aucune influence directe sur le monde réel.
Je veux être solidaire car je pense que cela est un moyen d'optimiser le bonheur collectif (planète comprise), et pas parce qu'un dieu me promet le paradis si je suis charitable, je donne parce que c'est un choix raisonné et pas pour une hypothétique récompense. Bien entendu être bon génère parfois ses propres satisfactions comme la reconnaissance. Mais il m'arrive de semer un peu de monnaie dans la rue alors qu'il n'y a personne autour de moi : seul une personne réellement dans le besoin se baissera pour ramasser une si petite somme et ne saura en rien que c'est moi qui lui ai fait ce cadeau.
Mais je digresse ;-)

Cedric said...

J'aime bien ta digression sur les pieces de monnaie semees.
Qu'est-ce qui te pousse a faire ca ? Ce n'est pas la reconnaissance par quelqu'un d'autre de ta bonte, puisque tu veux rester anonyme. C'est donc entierement gratuit, c'est un acte d'amour authentique ! Pour moi c'est un signe qu'il y a quelque chose de plus dans ce monde que de simples agencement d'atomes et de reactions chimiques. Je n'ai jamais dit que c'etait une preuve irrefutable. On peut tres bien penser qu'un jour nous arriverons a creer une machine suffisamment sophistiquee pour avoir un comportement qui ressemble a celui d'un etre humain et non a celui d'un robot, qui sera capable de faire ses propres raisonnements et choix. Mais penser qu'on puisse creer une machine capable d'aimer ne me parait pas plus irraisonable que penser qu'il puisse exister une entite qui nous depasse et nous a cree.
Je rejette comme toi les exces et abus de pouvoir des religions, mais pas la metaphysique, car si la physique arrive a expliquer le comment de l'univers, elle ne pourra jamais expliquer le pourquoi.

Malheureusement, meme accepter l'idee de Dieu ne me l'explique toujours pas ! L'Abbe Pierre dit :"La vie, c'est un peu de temps donne a des libertes pour, si on veut, apprendre a aimer, pour preparer la rencontre avec l'Eternel. Amour dans le toujours de l'au-dela du temps."
Le but de la vie serait donc d'apprendre a aimer, pour rencontrer Dieu apres la mort (note que l'Abbe Pierre ne parle pas de punition ou de recompense, d'enfer ou de paradis, juste de rencontre). Mais je ne peux pas m'empecher de me demander pour quelle raison Dieu aurait-il cree un monde pour y faire vivre des etres libres afin de voir s'ils allaient etre capable d'aimer comme lui ou pas ? Dieu aurait-il besoin de se prouver quelque chose ? Ca n'a pas de sens pour moi...