Monday, December 31, 2007

Tu n'as pas voulu ce malheur artificiel

Finissons l'année sur une citation assez pessimiste, afin de ne pas commencer la nouvelle année sur cette note (bien que vous la lirez sûrement début 2008) !
Je la dédicace à Davy (et à tous ceux qui voudraient changer le monde sans savoir comment commencer).

"Le règne de la marchandise suppose qu'on en vende: ton boulot consiste à convaincre les consommateurs de choisir le produit qui s'usera le plus vite. Les industriels appellent cela « programmer l'obsolescence ». Tu seras prié de fermer les yeux et de garder tes états d'âme par-devers toi. Oui, comme Maurice Papon, tu pourras toujours te défendre en clamant que tu ne savais pas, ou que tu ne pouvais pas faire autrement, ou que tu as essayé de ralentir le processus, ou que tu n'étais pas obligé d'être un héros... Reste que chaque jour, pendant dix ans, tu n'as pas bronché. Sans toi les choses auraient peut-être pu se passer autrement. On aurait sans doute pu imaginer un monde sans affiches omniprésentes, des villages sans enseignes Kienlaidissentout, des coins de rue sans fast-foods, et des gens dans ces rues. Des gens qui se parlent. La vie n'était pas obligée d'être organisée ainsi. Tu n'as pas voulu tout ce malheur artificiel. Tu n'as pas fabriqué toutes ces autos immobiles (2,5 milliards de bagnoles sur Terre en 2050). Mais tu n'as rien fait pour redécorer le monde. L'un des dix commandements de la Bible dit: « Tu ne feras point d'image taillée ni de représentation... et tu ne te prosterneras pas devant elles. » Tu es donc, comme le monde entier, pris en flagrant délit de péché mortel. Et la punition divine, on la connaît: c'est l'Enfer dans lequel tu vis."

Frédéric Beigbeder, dans 14,99 € (cité par Bernard Maris dans l'Antimanuel d'économie. 1. Les fourmis, chapitre "Le partage de la richesse").

2 comments:

Davy said...

C'est marrant parce que j'ai déjà lu cette citation deux fois auparavant (dans 99F et dans l'antimanuel) et à chaque fois je la trouve très vraie... et à chaque fois je me retourne, je regarde les efforts que je fournis pour "changer le monde" et je compte les moments de relâche où j'ai faillis. Le bilan n'est pas lourd car c'est horriblement simple de prendre un sandwich emballé dans son plastique, enroulé dans quelques serviettes en papier et de demander en plus un sac pour transporter le tout, parce que c'est quand même plus pratique...
Et pourtant je me dis que mon bycott des macdos contribue pê à ralentir le rythme d'ouverture de ces lieux de la malbouffe. Que mon refus systématique des journaux gratuits aura un jour une influence sur leur tirage.
Reste que je ne sais pas comment refuser les campagnes d'affichage, même je les favorise puisqu'il m'arrive fréquemment d'utiliser les vélos en libre service installés par JCDecaux en échange d'espaces publicitaires toujours plus nombreux. rien n'est simple en ce bas monde...
je n'ai encore rien trouvé pour

Cedric said...

Je crois que le mieux qu'on puisse faire est d'éduquer les gens, les sensibiliser aux problèmes de justice sociale et environnementaux que notre système économique actuel engendre. Leur souffler que ce système n'est pas le système le plus abouti auquel personne ne peut échapper, qu'il y a encore beaucoup de marge pour des améliorations. Mais que ces améliorations ne se feront pas sans la volonté de la majorité. Le cap le plus difficile est de ne plus se dire « ça ne sert à rien si je suis tout seul à le faire », mais de se dire que si on commence à le faire, la majorité finira par nous suivre !