Monday, June 2, 2008

Empreinte écologique

"Selon une méthode développée par l'organisation non gouvernementale WWF, World Wildlife Fund, notre empreinte écologique se mesure en hectares. Prenons un exemple concret: pour consommer 1 kilo de pain, il faut une certaine surface de sol pour faire pousser du blé (et construire la boulangerie), de l'énergie pour le cuire et le transporter. La planète offre une certaine biocapacité, c'est-à-dire ce qui peut être produit biologiquement au niveau de la planète. Est pris en compte dans le calcul de l'empreinte l'utilisation de l'espace pour les cultures, l'élevage, les forêts pour le matériau ou le bois de chauffage, la pêche, le foncier, les routes et la production de l'énergie.
La moyenne mondiale de l'empreinte écologique est de 2,2 hectares par Terrien. Il faut tout d'abord remarquer une grande diversité entre les pays: l'empreinte écologique varie de 0,8 hectare par habitant en Inde à 9,6 hectares aux Etats-Unis; les Emirats arabes unis sont à plus de 10 hectares par habitant: en effet, ils dessalent l'eau de mer en utilisant du pétrole. Dans les pays développés, l'énergie représente 60% de cette empreinte écologique. Si on n'en tenait pas compte, une seule planète serait suffisante. C'est bien la question de l'énergie et donc de nos modes de production et de consommation, toute notre mobilité, qui rend notre empreinte si forte. Si l'ensemble des habitants de la planète vivaient comme un Américain en 2008, il faudrait à l'humanité cinq planètes de rechange pour garantir le même niveau de vie.*
Bien qu'imparfaite, la méthode de l'empreinte écologique est une remarquable visualisation de notre «droit au sol» réparti entre tous les habitants de la Terre. Vers 1985, selon le mode de calcul de l'empreinte écologique, la demande a dépassé l'offre, autrement dit nous vivons à crédit et accumulons une dette écologique.

Que cela hérisse le poil ou pas des mammifères omnivores que nous sommes, nous vivons dans un écosystème fini. La capacité de la Terre à entretenir notre espèce est largement entamée. Nos échappatoires sont réduites. Si dans un mouvement de folie (ou de sagesse?) le monde entier acceptait de devenir végétarien et de ne laisser que peu de chose ou rien à l'élevage, l'actuel 1,4 milliard d'hectares de terre arable pourrait entretenir environ 10 milliards d'habitants*. Si l'homme utilisait comme nourriture toute l'énergie captée par la photosynthèse réalisée par les végétaux, tant terrestres que marins - soit quelque 40 000 milliards de watts -, la planète pourrait entretenir environ 17 milliards d'habitants. Entre-temps la Terre serait cependant devenue un enfer, telle que dépeinte dans ce film visionnaire Soleil vert. Dans les vingt prochaines années, il semble peu probable que nos goûts ou notre métabolisme nous conduisent à de tels comportements alimentaires. En outre, l'homme doit partager son espace, toujours plus réduit par la pression démographique, pour d'autres besoins que ses stricts besoins alimentaires. Le sol est de plus en plus occupé pour construire des villes qui s'étendent toujours davantage, produire de l'énergie renouvelable (biocarbutants, ferme éolienne, photovoltaïque) et développer les infrastructures de transports, notamment dans les pays émergents.
Dans les vingt prochaines années, il n'y a aucunement à compter sur une baisse de la démograpie pour relâcher la pression sur les ressources énergétiques et aussi vivrières que nous nous partageons. Bien au contraire. Notre empreinte écologique va s'alourdir en raison de la croissance économique de l'Inde et de la Chine conjuguées."

Geneviève Ferone, 2030, le krach écologique, chapitre "Démographie, croissance et environnement".

* mis en gras par moi.

Voici une bonne raison de devenir végétarien !
D'après les Nations Unies, la population mondiale pourrait atteindre les 10 milliards d'individus en 2040, si la fertilité reste constante (voir http://esa.un.org/unpp). Etant donné l'augmentation des besoins d'espace pour nous loger et produire de l'énergie, il n'y a guerre de chance que les surfaces arables augmentent. Donc si nous voulons pouvoir nourrir tout le monde d'ici 2040, il faut renoncer à l'élevage !

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