Un ami me disait récemment qu'il se méfiait de la foi car elle était soumise au doute, donc fragile, et pouvait biaiser les convictions basées sur la raison qui, elle, s'appuie sur la force implacable de la logique. Je me méfie aussi de la foi aveugle de certains, qui renoncent à leur esprit critique et à la raison au nom de dogmes soit-disant divins mais établis en réalité par d'autres humains. Mais ceci ne veut pas dire que la foi et la raison s'opposent! Écoutons ce que Gandhi a à nous dire à ce sujet:
"Une Force mystérieuse et indéfinissable pénètre tout ce qui est. Je le sens, bien que je ne le voie pas. C'est cette Force invisible qui se fait sentir, malgré l'impossibilité où je me trouve d'en prouver l'existence, tant elle diffère de tout ce que mes sens peuvent appréhender. Bien que Dieu transcende toute réalité sensible, il est, jusqu'à un certain point, possible par la raison de savoir qu'Il existe.
Tandis qu'autour de moi, tout change et tout meurt, je perçois vaguement, sous ces apparences changeantes, une Force de Vie qui demeure immuable et soutient tous les êtres: créés par Elle, ils s'y dissolvent pour être à nouveau créés. Cette Force, cet Esprit qui informe toutes choses n'est autre que Dieu. Et comme nos sens ne nous montrent rien qui subsiste j'en déduis que Dieu seul est.
Cette force est-elle bienveillante ou malveillante? Pour moi, cela ne fait aucun doute: elle est foncièrement bienveillante. Car la vie persiste au coeur même de la mort, la vérité rayonne en dépit du mensonge qui l'entoure, et la lumière resplendit dans les ténèbres. J'en déduis que Dieu est Vie, Vérité et Lumière. Il est Amour. Il est le Suprême Dieu. [...]
Cette croyance en Dieu doit s'appuyer sur la foi qui transcende la raison. Même pour parvenir à ce qu'on appelle la « réalisation » il faut, à la base, le soutien de la foi. C'est voulu par la nature même des choses. Qui peut transgresser les limites de son être? Je prétends qu'il est impossible d'arriver à une réalisation parfaite tant que nous sommes dans ce corps. Mais de toutes façons, ce n'est pas nécessaire. Il suffit d'avoir une foi vivante et inébranlable pour atteindre les plus hauts sommets qui soient accessibles à notre nature. Dieu n'est pas extérieur à notre enveloppe de chair. Par conséquent, toute preuve tirée du dehors n'a que peu de valeur, pour ne pas dire aucune. Nous ne pourrons jamais Le percevoir au moyen des sens. Il est au-delà. Nous pouvons Le pressentir, à condition de nous retirer de nos sens. La musique divine ne cesse jamais de faire entendre ses harmonies en nous-mêmes, mais la vie des sens est si bruyante qu'elle noie cette subtile mélodie, différente de tout ce que l'ouïe peut discerner et infiniment supérieure à toute réalité sensible. [...]
Ma foi dans les écritures hindoues ne me conduit nullement à croire que chaque mot et chaque verset sont inspirés par Dieu... Je me refuse à me sentir lié par toute interprétation qui répugnerait à la raison ou à la morale, même si elle était irréfutable pour des exégètes. [...]
Il est vraiment des domaines où la raison ne peut guère nous éclairer et où il faut nous en remettre à la foi pour continuer notre route. Dans ce cas, alors, la foi ne contredit pas la raison, mais la dépasse. La foi est une sorte de sixième sens qui s'exerce là où la raison n'est plus compétente."
Mohandas Gandhi, Tous les hommes sont frères, chapitre "Religion et vérité".
Comme Gandhi, je pense que la foi n'a pas à s'opposer à la raison, mais se situe au-delà. C'est bien mon problème: tout ce que je crois, j'y ai abouti par la raison, et je suis incapable de trouver la foi par la raison, bien que j'envie ceux qui l'ont (ceux comme Gandhi, qui ne s'en aveuglent pas), car sans foi la vie est complètement absurde... Mais j'avoue ne pas comprendre le raisonnement de Gandhi pour prouver l'existence de Dieu par la raison, alors il ne me reste que le pari de Pascal (voir un prochain post, lorsque je serai remonté aux débuts de mon carnet de citations, ce qui peut prendre du temps puisque j'ai déjà du mal à suivre les citations de mes lectures présentes), mais cela ne touche pas mon coeur.
Y-a-t'il donc des "élus", comme les Écritures le disent, tandis que les autres sont laissés sur le bord de la route? Si c'était le cas, je ne pourrais jamais croire à un Dieu qui aurait fait les choses ainsi.
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1 comment:
Je pense qu'il est "raisonnable" de découper les problèmes. D'abord opposer foi et conviction quel qu'en soit l'objet (on peut avoir foi en l'amitié, en l'honnêteté, en un amour, en un dieu bien entendu, etc.)
A partir des conclusions (jamais vraiment définitives, mais néanmoins utilisables) que tu tires de cette opposition, tu peux ensuite voir comment elles s'appliquent à un sujet donné, la foi réligieuse étant un sujet de choix !
Je reste ici sur ce qui me semble la méthodo la plus efficace, je ne rentre pas dans le débat d'idées.
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