"Voici où le bât blesse: l'économie capitaliste propose aux individus une jouissance narcissique extraordinairement élevée. La pulsion de mort a intégré le lieu où elle ne devait pas entrer. La publicité, l'appel à la consommation exacerbée, au gaspillage, relèvent de cette pulsion. La conscience morale, qui fait qu'une partie du moi s'oppose au reste du moi comme surmoi, cette conscience morale, qui crée la culpabilité, est maintenant habitée par un parasite qui ne dit plus «Tu ne dois pas jouir» mais «Tu dois posséder et jouir». Ce parasite ronge notre conscience, l'affaiblit comme un virus affaiblirait nos défenses immunitaires. Une phrase comme «Le niveau de vie des Américains n'est pas négociable»* est tout simplement insensée. Elle dit: «Tu dois jouir et malheur à qui s'oppose à toi.» On mesure le déchirement des humains à qui l'on tient le double discours: 1) du sentiment de culpabilité et 2) de la culpabilisation de la culpabilité (ne te sens pas coupable, jouis sans entraves, jouis de la destruction du monde, demeure un enfant.)
Demeure un enfant: voilà en trois mots le langage économique. Soyez égoïstes, dit l'économie. Et elle déchire la culture, alors que celle-ci est altruiste, communautaire. La survie de la communauté et de l'espèce suppose le triomphe d'Éros sur Thanatos. Or, c'est le second qui est constamment poussé, mis en avant, sollicité et attisé par le capitalisme."
Bernard Maris, dans l'Antimanuel d'économie. 2. Les cigales, chapitre "La pulsion de mort au coeur du capitalisme".
*"The American way of life is not negotiable", George W. Bush (senior) in 1992 at the Earth Summit in Rio de Janeiro, Brazil.
(note added by me).
Thursday, February 21, 2008
Critique psychanalytique du capitalisme
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