Et vice versa. Un point de vue qui réconcilie les deux concepts:
"Il est aujourd'hui courant, voire «politiquement correct», de déplorer la propension humaine à la violence et à l'agressivité, pour dénoncer la joie meurtrière qui conduisait jadis - ou naguère encore? - aux conquêtes, aux duels et autres activités semblables. Mais il y a de bonnes raisons évolutionnistes pour que ces propensions existent. Comprendre le bon et le mauvais dans la nature humaine est beaucoup plus complexe qu'on ne le penserait, à cause de leur entrelacement. Dans l'histoire de l'évolution, selon l'expression du biologiste Richard Alexander, les êtres humains ont appris à coopérer afin de rivaliser. C'est-à-dire que la vaste panoplie des caractéristiques cognitives et émotionnelles qui permettent à l'homme un tel degré de sophistication dans l'organisation sociale n'a pas été engendrée par sa lutte avec l'environnement, mais plutôt parce que des groupes humains ont dû lutter les uns contre les autres. Cela a effectivement conduit, à travers le temps, à une situation de course aux armements dans laquelle la coopération sociale croissante à l'intérieur d'un groupe a forcé d'autres groupes à travailler de la même façon, dans une rivalité jamais finie. Compétition et coopération maintiennent l'équilibre dans une relation de symbiose* qui ne couvre pas seulement les temps historiques de l'évolution, mais aussi les sociétés actuelles et les individus. Nous espérons certainement que les êtres humains apprendront à vivre pacifiquement dans bien des circonstances où ils ne le font pas actuellement, mais si le pendule s'éloigne trop du comportement agressif et violent, les pressions sélectives en faveur de la coopération faibliront également. Les sociétés qui ne connaissent ni agression ni compétition stagnent et ne peuvent innover; les individus qui sont trop confiants et trop coopératifs se rendent eux-mêmes vulnérables à d'autres qui sont plus hargneux."
Francis Fukuyama, La Fin de l'homme. Les conséquences de la révolution biotechnique, cité par Bernard Maris, dans l'Antimanuel d'économie. 2. Les cigales, chapitre "La pulsion de mort au coeur du capitalisme".
* passage mis en gras par moi.
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1 comment:
Tu ne seras pas surpris que je sois d'accord avec cela. La Nature, dont nous faisons reference souvent, est un bel exemple ou la competition n'est pas seulement "negatif" mais peut-etre beneficiaire, du moins par rapport a notre systeme relatif de nos valeurs.
Par contre, faisons attention a l'auteur. Francis Fukuyama est quelqu'un de tres intelligent et difficile a contrarier. Il etait, malheureusement, a fond pour la guerre en Irak (il s'est retracte depuis), mais pas pour les arguments debiles de l'administration Bush. Juste un commentaire afin de rester attentif au "background" de l'auteur.
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