Monday, December 31, 2007

Tu n'as pas voulu ce malheur artificiel

Finissons l'année sur une citation assez pessimiste, afin de ne pas commencer la nouvelle année sur cette note (bien que vous la lirez sûrement début 2008) !
Je la dédicace à Davy (et à tous ceux qui voudraient changer le monde sans savoir comment commencer).

"Le règne de la marchandise suppose qu'on en vende: ton boulot consiste à convaincre les consommateurs de choisir le produit qui s'usera le plus vite. Les industriels appellent cela « programmer l'obsolescence ». Tu seras prié de fermer les yeux et de garder tes états d'âme par-devers toi. Oui, comme Maurice Papon, tu pourras toujours te défendre en clamant que tu ne savais pas, ou que tu ne pouvais pas faire autrement, ou que tu as essayé de ralentir le processus, ou que tu n'étais pas obligé d'être un héros... Reste que chaque jour, pendant dix ans, tu n'as pas bronché. Sans toi les choses auraient peut-être pu se passer autrement. On aurait sans doute pu imaginer un monde sans affiches omniprésentes, des villages sans enseignes Kienlaidissentout, des coins de rue sans fast-foods, et des gens dans ces rues. Des gens qui se parlent. La vie n'était pas obligée d'être organisée ainsi. Tu n'as pas voulu tout ce malheur artificiel. Tu n'as pas fabriqué toutes ces autos immobiles (2,5 milliards de bagnoles sur Terre en 2050). Mais tu n'as rien fait pour redécorer le monde. L'un des dix commandements de la Bible dit: « Tu ne feras point d'image taillée ni de représentation... et tu ne te prosterneras pas devant elles. » Tu es donc, comme le monde entier, pris en flagrant délit de péché mortel. Et la punition divine, on la connaît: c'est l'Enfer dans lequel tu vis."

Frédéric Beigbeder, dans 14,99 € (cité par Bernard Maris dans l'Antimanuel d'économie. 1. Les fourmis, chapitre "Le partage de la richesse").

Sunday, December 30, 2007

L'argent n'est pas comestible.

"Lorsque le dernier arbre aura été abattu, la dernière rivière polluée, le dernier poisson pêché, les hommes s'apercevront que l'argent n'était pas comestible."

Chef Indien (cité par Bernard Maris dans l'Antimanuel d'économie. 1. Les fourmis, chapitre "Le partage de la richesse").

Friday, December 28, 2007

Winds of change:

"What seemed so evident to early readers of Small is beautiful still seems painfully opaque to the world today. When the book was first published, many thought that change would come about through insight, logic, compassion, and reason. Increasingly, it seems that change will come about after we have exhausted every other theory of greed and gain, and the winds of change are no longer metaporical, but force five hurricanes destroying whole regions.
That the world should become so immune to its own losses seemed inconceivable 25 years ago. Now that we have re-learned how remarkably obtuse humankind can be when dazzled by monetary and material gain, we must shine the light all the brighter on the singularity and prescience of Schumacher's work and vision."

Paul Hawken, commenting Small is beautiful, by E. F. Schumacher, in the 2000 edition.

Although the link between hurricanes intensity and frequency and global warming is still controversial scientifically and the subject of active research, I find the parallel with the phrase "winds of change" quite appealing. And anyway there are many other threats posed by global warming that justify the above quote.

Tuesday, December 25, 2007

La monnaie-trompe-la-mort

Une analyse psychologique intéressante de l'attrait de l'argent:

"Mais pourquoi suis-je atteint par cette boulimie d'avoir(s) ? Pourquoi cette soif inextinguible d'accumulation de capital qui agite l'humanité, surtout ceux qui ont déjà le plus accumulé ? La volonté de pouvoir ? Mais pourquoi ? L'hypothèse freudienne: l'angoisse de la mort. Posséder, jusqu'à satiété, biens matériels et symboles qui y sont associés rassure en procurant un ersatz d'éternité. Mais le leurre ne trompe pas longtemps les assoiffés. Aussi ne peut-il fonctionner qui si la possession de capital est réservée à une frange minoritaire maintenant à distance la plèbe majoritaire. Si j'ai et que tu n'as pas, je suis (ou, du moins, je crois que je suis) plus que toi. Cette soif de capital exprime la tentative désespérée de l'homme de fuir sa condition ou de lui trouver un exutoire. Le spectre de la mort est éloigné et exorcisé par la passion de la richesse assouvie grâce à l'argent. Comme ils sont tous promis au même sort, les angoissés se détendent en prenant la substance de l'autre.
La monnaie est le reflet des antagonismes sociaux et en même temps le moyen de canaliser la violence présente dans les sociétés humaines à l'intérieur de rails à peu près supportables, c'est-à-dire vers cette soif de richesse, exutoire à l'angoisse morbide le plus accessible, et susceptible de dégénérer de façon un peu moins violente que le fanatisme religieux ou la conquête du pouvoir: la monnaie comme substitut aux rites sacrificiels, l'exploitation de l'homme par l'homme comme vestige de l'anthropophagie."

Jean-Marie Harribey, La Démence sénile du capital (cité par Bernard Maris dans l'Antimanuel d'économie. 1) Les fourmis, chapitre "L'argent").

Thursday, December 20, 2007

Living in a limited world

"An attitude to life which seeks fulfillment in the single-minded pursuit of wealth - in short, materialism - does not fit into this world, because it contains within itself no limiting principle, while the environment in which it is placed is strictly limited."

(E. F. Schumacher, Small is beautiful).

Monday, December 17, 2007

Need and greed

Ahhh, let's start to put quotations from a book I loved, Small is beautiful, by E. F. Schumacher.
But the first quotation is not from him, but from Mahatma Gandhi, according to Satish Kumar, commenting Schumacher's book in the 2000 edition:

"Mahatma Gandhi said there is enough in the world for everyone's need, but not enough for anyone's greed."

Beautiful !

Sunday, December 16, 2007

L'utopie

"L'utopie est simplement ce qui n'a pas encore été essayé."

Théodore Monod (cité par Cédric du Monceau, directeur général du WWF France, dans le préambule de 80 Hommes pour changer le monde, de Sylvain Darnil et Mathieu Le Roux).

Thursday, December 13, 2007

Croissance et écologie sont-ils compatibles ?

"Lorsque des produits ou des usines sont imaginés avec un impact écologique positif, le débat sur la croissance perd tout son sens. La «révolution industrielle» que Bill* propose n'est pas celle du moindre impact, mais celle du bon impact. Dans un monde où les produits sont soit intégralement recyclés soit entièrement et sainement biodégradés, l'abondance ne pose aucun problème en soi. Elle est même recommandable !"

* William McDonough, pionnier de l'architecture bioclimatique et de l'éco-design.

Sylvain Darnil et Mathieu Le Roux, 80 Hommes pour changer le monde, chapitre "Architecte pour la Planète".

Utopique ? Aux capitalistes de montrer que c'est réalisable !

Friday, December 7, 2007

On Global Warming, Dimming, and Brightening

I would like to share my thoughts (and clarify them in the process !) on the issue of the apparent paradox of global warming and dimming, raised by Gerald Stanhill in EOS (v. 88, no. 5, 30 January 2007).
Global warming refers to the observed increase in average air and ocean temperatures since the pre-industrial era.
Global dimming refers to the observed decrease in solar radiation received at the surface from the late 1950s to the late 1980s, after what it started to increase, refered to as global brightening.

In a provocative article, Stanhill says that there is a paradox between observed reductions of incoming solar radiation at the Earth's surface of 20 W/m^2 (W=watts) over the 1958-1992 period, and the increase in longwave radiative forcing of 2.4 W/m^2 since the industrial era due to fossil and biofuel combustion (green-house effect). The former should have cooled the surface of the Earth more than the latter could have warmed it, yet observations show an unequivocal increase in surface temperatures. Stanhill argues that this puts into question the validity of the explanation of global warming as caused by green-house gases, and criticizes the Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC) for failing to mention global dimming in their first 3 assessment reports.

I have not read the first 3 reports, so I cannot confirm that this topic was omitted, but I started to read the 4th assessment report (released this year), and there is a whole section on global dimming, without any mention of a paradox of any kind. Why is that so ?

Liepert et al., and Schmidt et al., recently responded to Stanhill's article in EOS (v. 88, no. 45, 6 November 2007). They pointed to the fact that Stanhill made 2 errors: first he used a rather limited selection of 30 sites to infer his "global" values of dimming, that were dominated by large urban areas, where the observed dimming is strongest, while it is weaker at rural sites or even missing altogether over remote areas (IPCC 4th report, section 3.4.4.2). Therefore more realistic global values are much weaker than Stanhill's, around 7 W/m^2.
But this is still stronger than the effect of green-house gases.
This is where the second error comes into play: the observed dimming values are at the surface of the Earth, while the longwave radiative forcing is computed at the tropopause (between 10 and 15 km altitude). A lot of things can happen between the tropopause and the surface of the Earth, so this is like comparing apples and oranges !

The causes of global dimming are not well understood, but possible mechanisms include increases of clouds coverage (although different observations and analyses give different trends with sometimes opposite signs), and of aerosols due to human activity. The latter directly scatter more light in every direction, reducing the amount reaching the surface, and indirectly affect clouds structures (reducing the droplets sizes and increasing their number, hence making the clouds brighter, i.e. more reflective of incoming solar radiation, and increasing their lifetime by reducing precipitation likelihood). An increase in clouds coverage also increases the green-house effect (water vapor is one of the most efficient green-house gases !), so it would not be a paradox to have a decrease in incoming solar radiation at the surface at the same time as an increase in surface temperatures. Another explanation could be that the energy balance at the surface is not local but involves the 3-D circulation of the atmosphere.

We see that if we correct for the 2 errors made by Stanhill, and take into account the various feedback mechanisms available within the climate system, there is no paradox between global warming and global dimming, and if anything, global dimming should have masked somewhat the effects of greenhouse warming up to the late 1980s, when dimming gradually transformed into brightening and temperature rise rate increased, revealing the full dimension of the greenhouse effect (Wild et al., Geophysical Research Letters, 2007).
As Schmidt et al. put it in their reply to Stanhill:
"Understanding anthropogenic climate change depends on multiple lines of evidence and a variety of observations. «Global dimming» is an integral part of that evidence, not a contradiction to it."

Wednesday, December 5, 2007

Rêves

"Il est important d'avoir des rêves assez grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu'on les poursuit."

Oscar Wilde, cité par Sylvain Darnil et Mathieu Le Roux dans 80 hommes pour changer le monde (chapitre "L'Amérique du Nord").

C'est amusant, j'ai aussi trouvé presque la même citation dans Un métier pour la planète... et surtout pour moi !, de Élizabeth Laville et Marie Balmain, mais qu'elles attribuent à Francis Scott Fitzgerald:

"La sagesse suprême est d'avoir des rêves assez grands pour ne pas les perdre de vue pendant qu'on les poursuit."

Alors, de qui est cette citation originellement ?

Sunday, December 2, 2007

Adaptation apartheid

"No community with a sense of justice, compassion or respect for basic human rights should accept the current pattern of adaptation. Leaving the world's poor to sink or swim with their own meager resources in the face of the threat posed by climate change is morally wrong. Unfortunately, [...] this is precisely what is happening. We are drifting into a world of 'adaptation apartheid'.
Allowing that drift to continue would be short-sighted. Of course, rich countries can use their vast financial and technological resources to protect themselves against climate change, at least in the short term - that is one of the privileges of wealth. But as climate change destroys livelihoods, displaces people, and undermines entire social and economic systems, no country - however rich or powerful - will be immune to the consequences. In the long-run, the problems of the poor will arrive at the doorstep of the wealthy, as the climate crisis gives way to despair, anger and collective security threats.
None of this has to happen. In the end the only solution to climate change is urgent mitigation. But we can - and must - work together to ensure that the climate change happening now does not throw human development into reverse gear. That is why I call on the leaders of the rich world to bring adaptation to climate change to the heart of the international poverty agenda - and to do it before it is too late."

Desmond Tutu, Archbishop Emeritus of Cape Town, cited in the Human Development Report 2007/2008 of the United Nations Development Programme.

Friday, November 30, 2007

Modération

"Ceux qui sont modérés dans leurs aspirations acquièrent la sérénité et la paix du coeur parce qu'ils ne sont pas envahis par la fièvre de gagner davantage."

Abbé Pierre, L'Abbé Pierre parle aux jeunes.

Tuesday, November 27, 2007

Inégalités

"Les 225 plus grosses fortunes du monde représentent un total de plus de mille milliards de dollars, soit l'équivalent du revenu annuel des 47% d'individus les plus pauvres de la population mondiale.
Les trois personnes les plus riches du monde ont une fortune supérieure au PIB total des 48 pays en développement les plus pauvres.
L'accés aux services sociaux: coût de la réalisation et du maintien d'un accès universel à l'éducation de base, aux soins de la santé de base, à une nourriture adéquate, à l'eau potable, et à des infrastructures sanitaires est estimé à 40 milliards de dollars par an. Les dépenses de publicité sont elles dix fois supérieures: 400 milliards de dollars annuels.
La comparaison de ce que représenterait le surcoût annuel afin de permettre l'accès universel aux services sociaux et à des consommations vitales pour chaque être humain permet de constater qu'il existe des ressources abondantes susceptibles d'être dégagées en faveur du développement humain.
Les comparaisons n'ont qu'une valeur d'exemple mais elles n'en illustrent pas moins de façon frappante l'utilisation qui est faite des ressources de la planète."

Rapport du PNUD, 1998, cité par Bernard Maris dans l'Antimanuel d'économie. 1: les fourmis, chapitre "Mondialisation et commerce international".

C'est exactement ce coté pervers de notre système économique qui me dégoûte: on dépense 10 fois plus à essayer de vendre à des gens qui ont déjà tout ce qui est nécessaire pour vivre des choses dont ils n'ont pas besoin plutôt qu'à essayer de donner à tous les êtres humains des conditions décentes de vie !

Sur le même registre, je viens de lire ce matin dans Le Monde un article sur le nouveau rapport du PNUD, à propos des inégalités face au réchauffement climatique, alors j'ai lu le résumé du rapport, que je recommande vivement (vous pouvez le télécharger ici). Je ne rapporterai ici qu'un extrait (en anglais) qui donne une note d'optimisme:

"Yet climate change is a threat that comes with an opportunity. Above all, it provides an opportunity for the world to come together in forging a collective response to a crisis that threatens to halt progress."

On a vu dans l'Histoire comment les hommes de différentes nations et religions pouvaient s'unir face à un ennemi commun. Malheureusement cet ennemi était toujours d'autres êtres humains. Le réchauffement climatique est un nouvel ennemi commun à tous les êtres humains. Espérons qu'il pourra tous nous unir pour le combattre efficacement.

Monday, November 26, 2007

Aime aimer

"Aime aimer, ça te fera mal, mais aime encorer plus, près des plus petits et des plus faibles."

Abbé Pierre, "L'Abbé Pierre parle aux jeunes".

Thursday, November 22, 2007

Concurrence vs coopération

"On s'est amusé à faire jouer des individus «perso» ou «collectif». Bruno Ventelou, dans un livre passionnant*, propose un jeu auquel ont participé des gens très différents. Les premiers sont des élèves d'école de commerce, formatés à la concurrence et au chacun pour soi, rationnels et égoïstes, maximisant chacun sa propre utilité; les autres, des petits gars de banlieue d'une même équipe de basket, plutôt solidaires. Disons les «gestionnaires» contre les «basketteurs». Les premiers n'ont pas confiance les uns dans les autres, contrairement aux seconds. On leur fait jouer de l'argent**. Ils sont huit dans chaque équipe. On distribue à chacun 4 cartes d'un jeu de 32. À chaque tour, ils gardent deux cartes et en jettent deux dans le pot. Ils gagnent: 4 euros par carte rouge conservée (chaque carte rouge a la même valeur, peu importe qu'il s'agisse du roi de coeur ou du sept de carreau), plus un euro par carte rouge dans le pot. Soit je mets mes rouges dans le pot (je joue collectif), soit je les garde. Exemple: si j'ai deux rouges et que je les garde, j'ai gagné huit euros. Si je les ai mises dans le pot, et que tout le monde fait comme moi, nous avons gagné chacun huit fois deux égale 16 euros. Dilemme... Faut-il jouer perso ou collectif ?
Le résultat est frappant. L'école de commerce joue perso. Les basketteurs jouent collectif. Et bien entendu... les basketteurs gagnent.
Mais voilà. Les tours passent, et passent. Certains basketteurs commencent à jouer perso en se disant: je joue pour moi, mais comme les autres seront assez bêtes pour jouer collectif, j'empocherai les cartes que je garde en main, plus celles que les autres mettent au pot***. Exemple, toujours sur une distribution deux rouges, deux noires: je garde mes deux cartes rouges (8 euros) et les autres mettent leurs cartes dans le pot (14 euros). Total pour moi: 8 plus 14 égale 22 euros ! Encore mieux que dans le cas où tout le monde joue collectif. Hélas, la trahison a des conséquences terribles. Les autres s'en rendent compte. Que font-ils aux tours suivants ? Ils trahissent aussi. Et petit à petit, on se retrouve dans la situation de la concurrence. Tout se passe comme si l'idée concurrentielle, selfishness, polluait petit à petit le jeu, jusqu'à ce qu'on se trouve dans le même situation que celle des «gestionnaires», égoïstes, rationnels, calculateurs et peu gagnants.
C'est une idée clé de l'économie contemporaine: l'anticipation rationnelle, qui débouche sur un mauvais équilibre. J'anticipe que les autres vont être égoïstes. Et les autres pensent de même. On joue donc tous égoïstes, et on perd tous."

*Au-delà de la rareté, Albin Michel, 2001.
**L'expérience a été réellement réalisée en 1998, avec deux équipes de huit.
***On touche ici du doigt l'horreur libérale: jouer perso en pariant que les autres jouent collectif. Balancer mes ordures dans la nature, collective, elle !
(notes de l'auteur).

Bernard Maris, dans l'antimanuel d'économie. 1: les fourmis, chapitre "Marchés et concurrence".

Cette expérience simple illustre très bien ce que je pense du capitalisme vs communisme: si tout le monde était solidaire, le communisme donnerait la meilleure solution pour la société dans son ensemble. Mais il suffit qu'une personne commence à vouloir gagner plus que les autres pour que le système s'écarte de l'équilibre le plus haut pour rejoindre l'équilibre le plus bas, celui du capitalisme, mais qui a l'avantage d'être stable.

Tuesday, November 20, 2007

Confondre croissance et destruction

"Au soldat russe qui n'a pas touché sa solde depuis six mois et qui se morfond dans la nuit glacée d'un casernement sibérien parmi les armes à longue portée et les engins tout terrain, il faudrait une conscience d'acier pour épargner le tigre qui rôde dans les parages et dont les os et la peau, vendus à la frontière, lui permettraient de vivre près de trois ans. La violence faite à la nature est donc à la fois le recours des pauvres qui luttent pour survivre aussi bien que des riches qui détruisent pour propérer, et sa protection passe par la double lutte contre la misère et contre le gaspillage, fléaux complémentaires bien plus qu'antagonistes.
Notre société prospère à la fois sur la pénurie et sur le gâchis, de même qu'elle produit simultanément des biens et des besoins, qu'elle crée une fringale de nourritures grasses en même temps qu'une hantise de la minceur. À la limite, toute différence est abolie entre opulence et misère, entre croissance et destruction. Aux yeux des économistes et des statisticiens, même les nuisances provoquées par les encombrements automobiles, les suréquipements ou les soins médicaux sont comptabilisées en signes de richesse, et la prospérité des vendeurs d'eau minérale ne sera pas chiffrée comme le coût de la pollution des eaux de distribution urbaine mais comme une élévation du niveau et de la qualité de vie, de sorte que les sommes gaspillées à panser les plaies d'un progrès négatif passeront elles-mêmes pour un facteur de progrès positif."

Armand Farrachi, "Les Ennemis de la terre" (cité par Bernard Maris, "Antimanuel d'économie. 1: les fourmis", chapitre "Le langage du pouvoir").

Thursday, November 8, 2007

L'État-gestionnaire

Écrit en 2003, mais encore plus d'actualité en 2007:

"Et voilà que surgit une autre image de l'État, l'État-gestionnaire, loup vêtu d'une peau de mouton et d'un cotillon de savant, qui explique les lois économiques qui vont faire le bonheur des sujets: je réduis l'impôt de solidarité sur la fortune, pour éviter que les capitaux ne quittent la France et afin que ces capitaux fassent tourner des entreprises qui créent des emplois et des richesses. Logique imparable, s'il en est. Je pourrais dire: je réduis l'impôt des riches pour que les riches soient encore plus riches, ce qui tue les services publics et appauvrit la nation. Mais, c'est vrai, c'est plus délicat à avouer. L'État-providence a vécu. L'État-partisan masqué par l'État-gestionnaire renaît sous nos yeux."

Bernard Maris, dans l'antimanuel d'économie. 1: les fourmis, chapitre "Le langage du pouvoir"

Wednesday, November 7, 2007

Où sont les morts provoqués par les économistes ?

Tiens, voilà une critique de Jeffrey Sachs, notamment, par Jacques Chavagneux, interviewé par Jacques Sapir, dans Alternatives économiques, cité par Bernard Maris, dans l'antimanuel d'économie. 1: les fourmis, chapitre "Le langage du pouvoir" (je savais bien qu'il fallait que je lise ce livre juste après celui de Jeffrey Sachs, qui m'avait paru assez convainquant, pour avoir des contrepoints !):

"En Russie, la surmortalité actuelle provient en partie de la destruction des systèmes sociaux et d'hygiène, résultat des coupes budgétaires imposées par les économistes qui ont conseillé les gouvernements, de Jeffrey Sachs à Stanley Fischer. Ces économistes ont également sur la conscience la situation de désespoir, de voie sans issue qu'ils ont contribué à créer par leurs conseils erronés: le taux de suicide a explosé chez les jeunes, ainsi que des comportements facilitant la montée de la prostitution ou de la criminalité. On a maints exemples d'une détérioration dramatique des cadres de vie liée aux politiques prescrites par ces experts en Amérique latine, par exemple aujourd'hui en Argentine. Les recettes du FMI ont conduit l'Indonésie au marasme et au bord de l'éclatement interethnique et de la guerre civile, alors que, à l'opposé, la Malaisie traversait la crise de 1997 sans trop de mal en suivant une politique opposée (incluant en particulier le contrôle des changes). Il est clair que les économistes responsables des divers désastres que l'on a connus ne les ont pas voulus. Une bonne partie d'entre eux ont donné leurs conseils avec les meilleures intentions du monde. Rappelons-nous le mot de Guillaume II devant les charniers de la Première Guerre mondiale: «Je n'avais pas voulu cela.» Et rapprochons cette phrase de l'aveu de Michel Camdessus, l'ancien directeur général du FMI, reconnaissant que l'action du FMI avait créé en Russie «un désert institutionnel dans une culture du mensonge». Il n'en reste pas moins que l'on n'est pas jugé sur ses intentions, on l'est sur ses résultats."

Alors, qui a raison ??

Saturday, November 3, 2007

De l'absurdité des guerres de religions

"Le contraste est frappant [...] quand des nations en guerre affirment l'une et l'autre avoir pour elles un Dieu qui se trouve ainsi être le dieu national du paganisme, alors que le Dieu dont elles s'imaginent parler est un Dieu commun à tous les hommes, dont la seule vision par tous serait l'abolition immédiate de la guerre."

Henri Bergson, "Les Deux Sources de la morale et de la religion", cité dans Philosophie Magazine, n. 13 (octobre 2007).

Georges Bush ferait bien de lire Bergson !...

Friday, November 2, 2007

A quoi sert la vie ?

"La vie, c'est un peu de temps donné à des libertés pour, si on veut, apprendre à aimer, pour préparer la rencontre avec l'Eternel. Amour dans le toujours de l'au-delà du temps."

Abbé Pierre, "L'Abbé Pierre parle aux jeunes".

Wednesday, October 31, 2007

On democracy

"To depend on great thinkers, authorities, and experts is, it seems to me, a violation of the spirit of democracy. Democracy rests on the idea that, except for technical details for which experts may be useful, the important decisions of society are within the capability of ordinary citizens. Not only can ordinary people make decisions about these issues, but they ought to, because citizens understand their own interests more clearly than any experts."

Howard Zinn, "Passionate Declarations", chapter "Introduction: American ideology".

Monday, October 29, 2007

Grain de sable

"Dans cette gestion politique du vivant que Foucault appelle «biopolitique», les résultats de l'incitation à la libre inconséquence ne se feront pas attendre. Les gaspillages individuels, multipliés par le nombre de gaspilleurs, atteignent des totaux impressionnants. Plus de la moitié des trajets effectués en ville au volant d'une voiture couvrent une distance inférieure à 2 km, or, un véhicule n'atteignant sa consommation normale qu'après 5 km, on peut évaluer la perte à 1,5 milliard de litres de carburant. Les 165 milliards de kw/h consommés par les Français pour leur éclairage correspondent à la production de deux centrales nucléaires de 13 000 mégawatts. Une seule suffirait si les foyers étaient équipés d'ampoules moins voraces. Un robinet qui goutte équivaut au moins à 35 000 litres annuels, soit la consommation de cinquante personnes pendant trois ans dans la savane africaine. À ce type de comparaisons, sachant par exemple qu'il faut près de 200 litres pour prendre un bain et 11 litres à une chasse d'eau pour évacuer un flacon d'urine dans une cuvette des W-C, on pourra s'adonner à d'effarants calculs. De tels chiffres pourraient être avancés pour nos actions quotidiennes les plus apparemment anodines.
La question «que puis-je faire ?» prélude déjà à l'aveu d'impuissance, tant il est vrai que, désemparés par l'ampleur du monde, où tout se joue sans nous, nous paraissons quantité microscopique et franchement négligeable au pied des forteresses industrielles, juridiques, étatiques. Mais si notre influence personnelle sur le cours des choses peut être tenue pour nulle, nous restons tout-puissants sur la façon dont ce cours nous traverse, ou sur notre faculté de lui rester imperméable. Les fabricants qui nous inondent d'objets inutiles et de nouveautés facultatives ne persévéreraient pas longtemps s'il n'existait un marché pour la pacotille que les clients approuvent par leurs achats. La propagande économique nous a formés au chacun-pour-soi, voire au chacun-contre-tous, et, après avoir changé notre responsabilité en pouvoir d'achat, elle nous presse de renier pour quelques sous ce à quoi nous croyons. En plaçant le consommateur au coeur de son mécanisme, l'autorité marchande lui donne aussi le moyen d'aiguiser son choix en arme d'un contre-pouvoir, de refuser ce qu'il réprouve, d'encourager ce qu'il défend, de se priver de l'inadmissible, et de passer du statut de rouage à celui de grain de sable.
La notion de citoyenneté évolue. Le citoyen d'Athènes n'est pas le citoyen de la Révolution française, qui n'est plus le citoyen d'aujourd'hui. L'écocitoyen, sans négliger les relations que l'homme entretient avec la société, s'attache à la nécessité pour l'individu d'avoir des gestes et un comportement responsables par rapport au lieu où il vit aussi bien qu'à l'égard de ses semblables. Et voici que cet individu si souvent séparé des autres et de lui-même, fragmenté par le pouvoir consumériste, invité à se nourrir, à s'habiller, à vivre contre ses principes fondamentaux comme un animal dressé contre son instinct, peut s'engager tout entier dans ses choix, ses gestes et ses actes, trouver en lui de quoi se réunifier, pour affirmer haut et fort la cohérence qu'on lui dispute ou qu'on lui interdit, reconquérir ce que Rousseau appelle «l'inaliénable souveraineté individuelle», et y gagner ainsi sa réconciliation. L'homo consummator porte en lui-même la sentence d'un homo ethicus."

Armand Farrachi, "Les Ennemis de la terre" (cité par Bernard Maris, "Antimanuel d'économie. 1: les fourmis", chapitre "La politique dans l'économie").

Thursday, October 25, 2007

Superstitions

"La superstition scientifique apporte avec elle des illusions si ridicules et des conceptions si infantiles que par comparaison la superstition religieuse elle-même en sort ennoblie."

Antonio Gramsci (cité par Bernard Maris, "Antimanuel d'économie. 1: les fourmis", chapitre "Science dure, science molle, ou science nulle?")

Wednesday, October 24, 2007

L'esprit de finesse

"A l'esprit de finesse, lié à la pluridisciplinarité du champ [de l'enseignement] secondaire, succède [dans l'enseignement supérieur] l'esprit de géométrie, qui ne prétend plus comprendre le monde, mais le métrer, le formater selon le calcul économique et l'idéologie du calcul."

(Bernard Maris, "Antimanuel d'économie. 1: les fourmis", chapitre "Introduction").

Cette critique, appliquée ici à l'économie, peut aussi s'appliquer à certaines sciences plus "dures", notamment l'océanographie physique !

Monday, October 22, 2007

Hope

"Let no one be discouraged by the belief there is nothing one man or one woman can do against the enormous array of the world's ills - against misery and ignorance, injustice and violence... Few will have the greatness to bend history itself; but each of us can work to change a small portion of events, and in the total of all those acts will be written the history of this generation...
It is from the numberless diverse acts of courage and belief that human history is shaped. Each time a man stands up for an ideal, or acts to improve the lot of others, or strikes out against injustice, he sends a tiny ripple of hope, and crossing each other from a million different centers of energy and daring, those ripples build a current which can sweep down the mightiest walls of oppression and resistance."

Robert Kennedy, cited by Jeffrey Sachs in "The end of poverty, economic possibilities for our time", chapter "Our generation's challenge".
Jeffrey Sachs then concludes his book:

"Let the future say of our generation that we sent forth mighty currents of hope, and that we worked together to heal the world."

Sunday, October 21, 2007

Sustainable development or extreme poverty: do we have to choose?

A friend of mine tells me that sustainable development should not be our priority, since it would impede economic growth, therefore perpetuating extreme poverty.
On the contrary, Jeffrey Sachs argues that both fights should be taken together and will benefit from being solved together:

"While targeted investments in health, education, and infrastructure can unlock the trap of extreme poverty, the continuing environmental degradation at local, regional, and planetary scales threatens the long-term sustainability of all our social gains. Ending extreme poverty can relieve many of the pressures on the environment. When impoverished households are more productive on their farms, they face less pressure to cut down neighboring forests in search of new farmland. When their children survive with high probability, they have less incentive to maintain very high fertility rates with the attendant downside of rapid population growth. Still, even as extreme poverty ends, the environmental degradation related to industrial pollution and the long-term climate change associated with massive use of fossil fuels will have to be addressed. There are ways to confront these environmental challenges without destroying prosperity (for example, by building smarter power plants that capture and dispose of their carbon emissions and by increasing use of renewable energy sources). As we invest in ending extreme poverty, we must face the ongoing challenge of investing in the global sustainability of the world's ecosystems."

(Jeffrey Sachs, "The end of poverty, economic possibilities for our time", chapter "Our generation's challenge").

Friday, October 19, 2007

Reason vs Passion

"The critics of progress should therefore be met partway. Progress is possible, but not inevitable. Reason can be mobilized to promote social well-being, but can also be overtaken by destructive passions. Human institutions, indeed, should be designed in the light of reason precisely to control or harness the irrational side of human behavior. In this sense, the Enlightenment commitment to reason is not a denial of the unreasonable side of human nature, but rather a belief that despite human irrationality and passions, human reason can still be harnessed - through science, nonviolent action, and historical reflection - to solve basic problems of social organization and to improve human welfare."

(Jeffrey Sachs, "The end of poverty, economic possibilities for our time", chapter "Our generation's challenge").

Monday, October 15, 2007

Mass murder for a good cause

"My bias is this: I want my readers to think twice about our traditional heroes, to reexamine what we cherish (technical competence) and what we ignore (human consequences). I want them to think about how easily we accept conquest and murder because it furthers "progress". Mass murder for "a good cause" is one of the sicknesses of our time. There were those who defended Stalin's murders by saying, "Well, he made Russia a major power." As we have seen, there were those who justified the atom bombing of Hiroshima and Nagasaki by saying "We had to win the war."

(Howard Zinn, "Passionate Declarations", chapter "The use and abuse of History").

Thursday, October 11, 2007

Homme vs Nature ?

Extraits du débat "L'homme ou la Nature, faut-il choisir ?", dans "Philosophie Magazine", no 13 (oct 2007):

Philippe Descola:
"Il est quand même frappant de voir à quel point Montaigne, père de l'humanisme occidental, s'émerveille de la capacité de raisonnement des animaux. Il n'établit pas de différence de nature mais de degré entre humains et non-humains. Cette différence de degré plutôt que d'essence avec le monde non-humain conduit à remettre en question la dissociation tranchée qui s'est établie à l'âge moderne - soit après Montaigne, notamment sous l'impulsion de Descartes - entre nature et culture."

En lisant ceci, j'étais conforté dans mon idée que nous ne sommes pas si différents des animaux, étant seulement le plus évolué des animaux. Mais le point de vue suivant se défend aussi:

Luc Ferry:
"Qu'est-ce qui justifie qu'on attribue à l'humain des droits et une telle supériorité par rapport aux arbres ou aux animaux ? Qu'est-ce qui définit sa compétence en tant que seul être moral ? Les humanistes ont cherché un critère de différenciation moral, pas un critère lambda. On aurait pu en trouver mille: les animaux n'ont pas de téléphone portable, ils ne fument pas, ils ne font pas cuire la nourriture. Je crois que c'est Rousseau qui le premier formule le bon critère. Ce n'est pas le langage qui caractérise l'humanité, le language n'est pas un critère moral. Le fait qu'un être parle ou ne parle pas est important pour un ethnologue. Pour un moraliste, cela n'a aucune pertinence. De la même façon, ce n'est pas l'intelligence qui compte. Une personne trisomique 21 mérite autant de respect qu'Albert Eisntein. Le critère de Rousseau est la liberté, comme arrachement à la tradition et au code de la nature [...]
«Le programme de la nature s'impose à l'animal, tandis que l'homme s'arrache à la nature pour entrer dans l'histoire.»[...]
Comme le dit encore Vercors dans sa fable Les Animaux dénaturés (1952), pour porter un jugement de valeur, il faut être en écart par rapport à la nature. L'animal fait un avec la nature, l'homme fait deux et là est le secret de ses pouvoirs de destruction comme de protection..."

Cet argument rejoint celui des religions monothéistes, qui n'octroient une âme qu'aux êtres humains car ce sont les seuls à avoir la liberté d'aimer ou de haïr, de choisir le bien ou le mal.
Mais est-on si sûr qu'aucun animal n'ait cette faculté ?
Je pense par exemple à ces chiens qui se laissent mourir sur la tombe de leurs maîtres. Suivent-ils en cela le programme de la nature ? Ou au contraire ne montrent-ils pas une capacité à aimer, d'une façon dont bien des humains seraient incapables ?
Comme le dit Renaud dans sa chanson Baltique:

"Et dire que ça se veut chrétien
Et ça ne comprend même pas
Que l'amour dans le coeur d'un chien
C'est le plus grand amour qui soit
[...]
Je pourrais vivre dans la rue
Etre bourré de coups de pieds
Manger beaucoup moins que mon dû
Dormir sur le pavé mouillé
En échange d'une caresse
De temps en temps d'un bout de pain
Je donne toute ma tendresse
Pour l'éternité ou plus loin
Prévenez-moi lorsque quelqu'un
Aimera un homme comme moi
Comme j'ai aimé cet humain
Que je pleure tout autant que toi"

Wednesday, October 10, 2007

Killing another myth

This could also be the sixth and last episode of "Public vs private", where the conclusion is drawn that to achieve an efficient economy turned toward people needs, one has to combine public and private sectors:

"The last myth worthy of mention is the social Darwinist myth, often the modern economist's myth, which warns against soft-hearted liberalism on the grounds that "real life" is competition and struggle, of "nature red in tooth and claw" in Tennyson's evocative phrase. Social Darwinism holds that economic progress is the story of competition and survival of the fittest. Some groups dominate; other groups fall behind. In the end, life is a struggle, and the world today reflects the outcome of that struggle.

Despite the fact that much free-market economic theory has championed this vision, economists from Adam Smith onward have recognized that competition and struggle are but one side of economic life, and that trust, cooperation, and collective action in the provision of public goods are the obverse side. Just as the communist attempt to banish competition from the economic scene via state ownership failed miserably, so too would an attempt to manage a modern economy on the basis of market forces alone. All successful economies are mixed economies, relying on both the public sector and the private sector for economic development. I have explained the underlying theoretical reasons why markets and competition alone will not provide efficient levels of infrastructure, knowledge, environmental management, and goods. Just as that is true at the national level, it is also true internationally. Without cooperation, a collection of national economies will not provide efficient levels of investment in cross-border infrastructure, knowledge, environmental management, or merit goods among the world's poor."

(Jeffrey Sachs, "The end of poverty, economic possibilities for our time", chapter "Myths and magic bullets")

Friday, October 5, 2007

Public vs private (5)

"Fifth, governments will want to help the poorest of the poor not only by providing infrastructure and social investments, but also by providing productive inputs into private business if that, too, is required to help impoverished households get started in market-based activities. Thus government might want to provide subsidized fertilizers to subsistence farmers so that they can produce enough to eat or microcredits to rural women so that they can start microbusinesses. Once these households successfully raise their incomes above subsistence, and begin to accumulate savings on their own, the government subsidies can be gradually withdrawn.
At the same time, except in the case of the poorest households, governments generally should not provide the capital for private businesses. Experience has shown that private entrepreneurs do a much better job of running businesses than governments. When governments run businesses, they tend to do so for political rather than economic reasons. State enterprises tend to overstaff their operations, since jobs equal votes for politicians, and layoffs can cost a politician the next election. State-owned banks tend to make loans for political reasons, rather than on the basis of expected returns. Factories are likely to be built in the districts of powerful politicians, not where they can best serve the broader population. Moreover, governments rarely have the in-house expertise to manage complex technologies, and they shouldn't, aside from sectors where the government's role is central, such as in defense, infrastructure, health, and education."

Wednesday, October 3, 2007

Public vs private (4)

"Fourth, societies around the world want to ensure that everybody has an adequate level of access to key goods and services (health care, education, safe drinking water) as a matter of right and justice. Goods that should be available to everybody because of their vital importance to human well-being are called merit goods. The rights to these merit goods are not only an informal commitment of the world's governments, they are also enshrined in international law, most importantly in the Universal Declaration of Human Rights, as follows:
  • Everyone has the right to a standard of living adequate for the health and well-being of himself and of his family, including food, clothing, housing and medical care and necessary social services, and the right to security in the event of unemployment, sickness, disability, widowhood, old age or other lack of livelihood in circumstances beyond his control.
  • Everyone has the right to education. Education shall be free, at least in the elementary and fundamental stages. Elementary education shall be compulsory. Technical and professional education shall be made generally available and higher education shall be equally accessible to all on the basis of merit.
Moreover, according to Article 28 of the Universal Declaration, «Everyone is entitled to a social and international order in which the rights and freedoms set forth in this Declaration can be fully realized.» A follow-through on the Millennium Development Goals would mark a major practical application of that article."

When I read these articles from the Universal Declaration of Human Rights, I am amazed on how little they are actually applied even in the rich countries, especially the United States! If you don't have a work, you don't have a health insurance and therefore adequate medical care. One time I was at the hospital in Honolulu, I saw a cartoon on the front desk, where an old poor guy that looked very sick was arriving in a hospital, the receptionist was asking him if he had a health insurance, the guy was replying «no», and the receptionist was pointing to the door while telling him «the exit is this way». I was litterally shocked! You don't have equal access to higher education neither, since the selection is made on money, not on merit!
The situation is less bleak in France, and Europe in general, but I don't think we are heading in the good direction with the new government's reforms...

Tuesday, October 2, 2007

Public vs private (3)

"Third, many social sectors exhibit strong spillovers (or externalities) in their effects. I want you to sleep under an antimalarial bed net so that a mosquito does not bite you and then transmit the disease to me!
For a similar reason, I want you to be well educated so that you do not easily fall under the sway of a demagogue who would be harmful for me as well as for you. When such spillovers exist, private markets tend to undersupply the goods and services in question. For just this reason, Adam Smith called for the public provision of education: «An instructed and intelligent people ... are more disposed to examine, and more capable of seeing through, the interested complaints of faction and sedition...» Smith argued, therefore, that the whole society is at risk when any segment of society is poorly educated. Natural capital is another area where externalities loom large. Private actions - pollution, logging, overfishing, and the like - can lead to species extinction, deforestation, or other kinds of environmental degradation with serious adverse consequence for the whole society, or even the whole world. Governments therefore have a crucial role to play in conserving natural capital."

Monday, October 1, 2007

Public vs private (2)

"A second category of publicly provided capital goods includes those that are nonrival, when the use of the capital by one citizen does not diminish its availability for use by others. A scientific discovery is a classic nonrival good. Once the structure of DNA has been discovered, the use of that wonderful knowledge by any individual in society does not limit the use of the same knowledge by others in society. Economic efficiency requires that the knowledge should be available for all, to maximize the social benefits of the knowledge. There should not be a fee for scientists, businesses, households, researchers, and others who want to utilize the scientific knowledge of the structure of DNA! But if there is no fee, who will invest in the discoveries in the first place? The best answer is the public, through publicly financed institutions like the National Institutes of Health (NIH) in the United States. Even the free-market United States invests $27 billion in publicly financed knowledge capital through the NIH."

Public vs private (1)

The following are good arguments for what should be taken care of by the public sector instead of the private sector. And they are from a capitalist economist who has militanted his whole life to spread liberal market mechanisms worldwide, as an efficient way to fight against poverty (Jeffrey Sachs, "The end of poverty, economic possibilities for our time", chapter "Making the investments needed to end poverty"). It is quite long so I will split it into 5 parts, following the 5 points argumentation of the author.

"Why should government finance schools, clinics, and roads, rather than leave those to the private sector ? There are five kinds of reasons, all compelling in the proper context. First, there are many kinds of infrastructure, especially networks like power grids, roads, and other transport facilities - airports and seaports - which are characterized by increasing returns to scale. If left to private markets, these sectors would tend to be monopolized, so they are called natural monopolies. If such capital investments are left to the private sector, the privately owned monopolies would overcharge for their use, and the result would be too little utilization of this kind of capital. Potential users would be rationed out of the market. It is more efficient, therefore, for a public monopoly to provide network infrastructure and set an efficient price below the one that would be set by a private monopolist."

Thursday, September 27, 2007

Environmental Stewardship

"Even though the local effects of global climate change are extremely hard to forecast, we can be sure that many of the world's poorest places are at risk of being overwhelmed by climate shocks coming from outside their borders. Rising ocean levels associated with long-term warming will likely inundate impoverished regions such as Bengladesh and small island economies. Shifting patterns of rainfall, such as the declines in precipitation evident in Africa's Sahel and those associated with long-term warming in the Indian Ocean, are likely to be experienced elsewhere. An increasing frequency and intensity of El Niño climate cycles could become an important disturbance for hundreds of millions of people in Asia, Latin America, and Africa. Changes in ocean chemistry associated with rising atmospheric concentrations of carbon dioxide could poison the coral reefs, with attendant disastrous effects on coastal ecosystems and coastal economies.
The poorest of the poor are mostly innocent victims in this drama. The major cause of long-term climate change, fossil fuel combustion, is disproportionately the result of rich-country actions. Any responsible global approach to poverty reduction should include much greater attention to three things. First, the rich countries themselves, and particularly the United States, will have to live up to their longstanding commitment under the United Nations Framework Convention on Climate Change to the «stabilization of greenhouse gas concentrations in the atmosphere at a level that would prevent dangerous anthropogenic interference with the climate system.» Second, the rich countries will have to give added financial assistance to the poor countries to enable them to respond effectively to, or at least to cope with, the changes ahead. Third, as I noted earlier, the rich countries will have to invest more in climate science to gain a clearer understanding of how the changes already under way are likely to affect the world's poorest people, as well as the rest of us."

(Jeffrey Sachs, "The end of poverty, economic possibilities for our time", chapter "A global compact to end poverty")

That's why I am enraged when I hear people like Claude Allègre, former french minister of research, saying that the changes due to global warming are not anything to worry about, that we will have no problem copping with, that it may be bad for the Africans but it will be good for the Eskimos. Well, how many Eskimos are there compared to Africans, Asians, latin Americans ? Even if countries lying in temperate areas will have no problems copping with the changes, we will see how they cope with massive migrations of people from the parts of the world that will become intolerable to live in. I don't think DNA or french litteracy tests will hold them out for long...

Tuesday, September 25, 2007

About drug patents

"One of our key points was that drug treatment for the poor would actually cost the donor world much less than appeared to be the case from drug prices in the rich countries. Under the patent system, antiretroviral medicines are priced far above their actual cost of production. The companies can price in this manner because the patent gives them a temporary monopoly. The economic theory is that the profits that result from high patent-protected prices are the incentive for the companies to engage in research and development in the first place. Still, with the actual production costs of an antiretroviral regimen at $500 per year or less (compared with U.S. market prices of around $10,000 per year), it would be possible to provide access to the poor with donor help, assuming that drug companies would supply the low-income markets at production cost rather than monopoly prices. This turned out to be the case. The patent holders agreed to cut their prices in the low-income markets, while various generic drug manufacturers provided additional competition by offering low-priced competitor drugs in countries where patents did not apply or where they were circumvented by special procedures."

(Jeffrey Sachs, "The end of poverty, economic possibilities for our time", chapter "The voiceless dying: Africa and disease")

What I like is that patent holders agreed to cut their prices in low-income countries (although it may be simply by economic reasoning: lower prices for people with lower incomes means more clients, hence maybe more benefits than from higher prices but fewer clients). It reminds me of a story I read in "80 hommes pour changer le monde" by Sylvain Darnil and Mathieu Le Roux, where an Indian ophtalmologist, Dr. Govindappa Venkataswamy, founded an hospital where the poor could be treated for free, while the rich had to pay the regular price, in exchange for more comfort (e.g. a private room), but the quality of treatments was the same for everybody. His hospital was economically viable and did not rely on donations nor subventions. And they did not ask the patients to prove if they were poor. Excellent, no ?

Monday, September 24, 2007

Analytical deliberation

"The commission* gave me a wonderful opportunity to test my favorite hypothesis about collective rationality, which is that if you put people of strongly opposing views in a room together, and infuse their discussion with data, background studies, and unhurried time for debate, it is possible to bridge seemingly irreconcilable positions among the members of the group. I have come to call this process analytical deliberation. It works."

(Jeffrey Sachs, "The end of poverty, economic possibilities for our time", chapter "The voiceless dying: Africa and disease")

* World Health Organisation Commission on Macroeconomics and Health.

François, this is not exactly your favorite hypothesis about collective wisdom, but it is close to it !

Sunday, September 23, 2007

Africa's crisis

After hearing the stupid words French President Nicolas Sarkozy said about Africans this summer, and the clichés some friends used to excuse him, I am glad to read a very lucid analysis of the situation by Jeffrey Sachs ("The end of poverty, economic possibilities for our time", chapter "The voiceless dying: Africa and disease"):

"The outside world has pat answers concerning Africa's prolonged crisis. Everything comes back, again and again, to corruption and misrule. Western officials, including the countless «missions» of the IMF* and World Bank to African countries, argue that Africa simply needs to behave itself better, to allow market forces to operate without interference by corrupt rulers.
[...]
When it comes to charges of bad governance, the West should be a bit more circumspect. Little surpasses the western world in the cruelty and depredations that it has long imposed on Africa. Three centuries of slave trade, from around 1500 to the early 1800s, were followed by a century of brutal colonial rule.
Far from lifting Africa economically, the colonial era left Africa bereft of educated citizens and leaders, basic infrastructure, and public health facilities. The borders of the newly independent states followed the arbitrary lines of the former empires, dividing ethnic groups, ecosystems, watersheds, and resource deposits in arbitrary ways.
As soon as the colonial period ended, Africa became a pawn in the cold war. Western cold warriors, and the operatives in the CIA and counterpart agencies in Europe, opposed African leaders who preached nationalism, sought aid from the Soviet Union, or demanded better terms on Western investments in African minerals and energy deposits. In 1960, as a demonstration of Western approaches to African independence, CIA and Belgian operatives assassinated the charismatic first prime minister of the Congo, Patrice Lumumba, and installed the tyrant Mobutu Sese Seko in his stead. In the 1980s, the United States supported Jonas Savimbi in his violent insurrection against the government of Angola, on the grounds that Savimbi was an anticommunist, when in fact he was a violent and corrupt thug. The United States long backed the South African apartheid regime, and gave tacit support as that regime armed the violent Renamo insurrectionists in neighboring Mozambique. The CIA had its hand in the violent overthrow of President Kwame Nkrumah of Ghana in 1966. Indeed, almost every African political crisis - Sudan, Somalia, and a host of others - has a long history of Western meddling among its many causes.
[...]
Both the critics of African governance and the critics of Western violence and meddling have it wrong. Politics, at the end of the day, simply cannot explain Africa's prolonged economic crisis. The claim that Africa's corruption is the basic source of the problem does not withstand practical experience or serious scrutiny. During the past decade I witnessed close at hand how relatively well-governed countries in Africa, such as Ghana, Malawi, Mali, and Senegal, failed to prosper, whereas societies in Asia perceived to have extensive corruption, such as Bangladesh, India, Indonesia, and Pakistan, enjoyed rapid economic growth.
[...]
At the same time, Africa's harsh colonial legacy and the West's very real depradations in the postcolonial period also do not explain the long-term development crisis. Other regions of the world that are now growing rapidly also experienced severe damage from decades or centuries of colonial rule and postcolonial meddling. Vietnam is a case in point, a country that had to fight for independence for decades and yet emerged from that brutal experience to achieve very rapid economic growth.
[...]
To understand - and overcome - such crises, it would be necessary to unravel the interconnections between extreme poverty, rampant disease, unstable and harsh climate conditions, high transport costs, chronic hunger, and inadequate food production.
[...]
The combination of Africa's adverse geography and its extreme poverty creates the worst poverty trap in the world. Yet the situation in Africa is not hopeless. Far from it. Just as my malaria-expert colleagues taught me about bed nets, indoor spraying, and effective antimalarial medicines, and just as my HIV/AIDS-knowledgeable colleagues taught me what can be accomplished through effective prevention programs linked to access to anti-AIDS drugs, so my colleagues in tropical agriculture, rural electrification, road building, and safe water and sanitation began to teach me what could be done in these other areas of vital concern.
Africa's problems, I have come to understand, are especially difficult but still solvable with practical and proven technologies. Diseases can be controlled, crop yields can be sharply increased, and basic infrastructure such as paved roads and electricity can be extended to the villages. A combination of investments well attuned to local needs and conditions can enable African economies to break out of the poverty trap. These interventions need to be applied systematically, diligently, and jointly, since they strongly reinforce one another. With focused attention by African countries and the international community, Africa could soon have its own Green Revolution**, and achieve a takeoff in rural-led growth, thereby sparing the coming generation of Africans the continued miseries of drought-induced famine."

*International Monetary Fund
**Allusion to Asia's rural-led economic growth in the 1970s through the introduction of high-yield crops.

Thursday, September 20, 2007

Killing a bad myth

"Some recent historical accounts, most notably Empire, by historian Niall Ferguson, praise the British Empire's spread of technology and knowledge to India and other colonies. These are misleading accounts in my view, for although empire did extend infrastructure and technology, it did so to Britain's advantage. Without empire, the same technologies could have diffused in many other ways: trade in capital goods, imitation and reverse engineering, the purchase of technical advice (always available at a price), and the spread of scientific knowledge through textbooks, global conferences, student exchanges, and scientific academies. Japan, for example, did not fall prey to empire to achieve the technological benefits of the industrial age. By keeping its sovereignty, Japan enjoyed an even quicker ascent into industrialization than did the colonies. Indeed, as Maddison notes, «Indian industrial efficiency was hampered by the British administration's neglect of technical education, and the reluctance of British firms and managing agencies to provide training or managerial experience to Indians.»"

(Jeffrey Sachs, "The end of poverty, economic possibilities for our time", chapter "India's market reforms")

Wednesday, September 19, 2007

Famines, climate and politics

"Famines have as much or more to do with authoritarian politics as they do with climate fluctuations and crop yields"

Amartya Sen, cited by Jeffrey Sachs in "The end of poverty, economic possibilities for our time", chapter "India's market reforms", who then adds:

"Sen's insight is sometimes carried too far, however, with the claim that democracies never have famines. In the extreme climatic and demographic conditions of Africa, where highly vulnerable populations rely on rain-fed agriculture in arid regions, droughts can cause famines even in democracies."

This will be more and more the case with the consequences of global warming !

Thursday, September 13, 2007

La Vérité

"Il suffit, pour la Vérité, d'apparaître une seule fois dans un seul esprit, pour que rien ne puisse jamais plus l'empêcher de tout envahir et de tout enflammer."

(Teilhard de Chardin, cité par Édith de la Héronnière dans "Teilhard de Chardin, une mystique de la traversée", chapitre "Bien finir")

De l'évolution du monde

«Le monde ne tient, ne peut avancer, et ne peut se consommer, que sous l'action d'une puissance qui soit de l'espèce d'un "amour". Voilà pourquoi, autant je sympathise avec la foi "totalitaire" des fronts populaires, autant je me rends à l'évidence que leurs formes impersonnelles d'idéal ("l'Humanité, la Société", a fortiori la Race ou l'Empire des fascismes !), sans âme ni "figure", vont à tuer le bourgeon même de l'Évolution qu'ils veulent promouvoir et sauver.»

(Teilhard de Chardin, cité par Édith de la Héronnière dans "Teilhard de Chardin, une mystique de la traversée", chapitre "L'Énergie humaine")

Tuesday, September 11, 2007

Croire n'est pas voir

"«Croire n'est pas voir, dit Teilhard. Autant que personne, j'imagine, je marche parmi les ombres de la foi.»
Et il ajoute:
«Les ombres de la foi... Pour justifier cette vérité si étrangement incompatible avec le soleil divin, les docteurs nous expliquent que le Seigneur, volontairement, se cache, afin d'éprouver notre amour. Il faut être incurablement perdu dans les jeux de l'esprit, il faut n'avoir jamais rencontré en soi et chez les autres la souffrance du doute, pour ne pas sentir ce que cette solution a de haïssable. [...]
Non, Dieu ne se cache pas, j'en suis sûr, pour que nous le cherchions - pas plus qu'il ne nous laisse souffrir pour augmenter nos mérites. Bien au contraire, penché sur la Création qui monte à lui, il travaille de toutes ses forces à la béatifier et à l'illuminer. Comme une mère, il épie son nouveau-né. Mais mes yeux ne sauraient encore le percevoir. Ne faut-il pas justement toute la durée des siècles pour que notre regard s'ouvre à la lumière ?
Nos doutes, comme nos maux, sont le prix et la condition même d'un achèvement universel. J'accepte, dans ces conditions, de marcher jusqu'au bout sur une route dont je suis de plus en plus certain, vers des horizons de plus en plus noyés dans la brume.
Voilà comment je crois.»

(Teilhard de Chardin, cité par Édith de la Héronnière dans "Teilhard de Chardin, une mystique de la traversée", chapitre "Le Tournant")

Wednesday, September 5, 2007

De l'immortalité

"Depuis toujours a subsisté en lui le goût de l'Inaltérable, seul susceptible de mouvoir l'homme et preuve, par cet attrait même, qu'«il y a de l'immortel en avant de nous».
«Pour mettre en branle la chose, si petite en apparence, qu'est une activité humaine, il ne faut rien moins que l'attrait d'un résultat indestructible. Nous ne marchons que sur l'espoir d'une conquête immortelle.»
Considération métaphysique dont les fondements sont avant tout psychologiques puisque la perspective d'une mort totale interromprait immédiatement tout effort et tout travail de l'homme dans le monde. Mais quel est cet Immortel, sinon «le meilleur de nous-mêmes»: «Ce que je parviens à faire d'incommunicable, d'unique, au fond de moi-même. Ma personnalité, c'est-à-dire le centre particulier de perception et d'amour que ma vie consiste à développer, voilà mon vrai trésor.»
Loin de se perdre dans l'union au Tout, ce que nous avons de plus personnel nous fait entrer dans l'Universel.
Une vérité si constamment vérifiée dans la création artistique."

(Édith de la Héronnière, "Teilhard de Chardin, une mystique de la traversée", chapitre "Le Tournant")

Monday, September 3, 2007

S'aimer humblement soi-même

"Il est plus facile que l'on croit de se haïr. La grâce est de s'oublier. Mais si tout orgueil était mort en nous, la grâce des grâces serait de s'aimer humblement soi-même"

(Bernanos, "Journal d'un curé de campagne", cité par Édith de la Héronnière dans "Teilhard de Chardin, une mystique de la traversée", chapitre "Le Tournant")

Pour l'instant je n'en suis qu'au premier stade...

Citation du jour

enfin de l'autre jour, chez Davy et Fréd:

"Quand j'ai fait mon stage ouvrier chez Morgan-Stanley, une banque d'affaire, [...]"

(Davy Marchand-Maillet, fin stratège)

Thursday, August 30, 2007

The waterfall parable

A good parable about global warming:

"We are in a raft, gliding down a river, toward a waterfall. We have a map but are uncertain of our location and hence are unsure of the distance to the waterfall. Some of us are getting nervous and wish to land immediately; others insist we can continue safely for several more hours. A few are enjoying the ride so much that they deny there is any immediate danger although the map clearly shows a waterfall... How do we avoid a disaster ?"

(George S. Philander, "Is the Temperature Rising ?", cited by Brian Fagan in the preface to "The Little Ice Age")

Thursday, August 23, 2007

La vie intérieure

"La vie intérieure porte l'homme à l'intranquilité: à ne pas se satisfaire de ce qui est là, mais à aller plus profond, plus avant, vers une conscience accrue, élargie, toujours plus universelle. L'instinct même de la vie intérieure est bien une aventure au-delà du cocon d'origine. Si Teilhard reconnaît chez les laïcs son milieu naturel, c'est peut-être en raison des questions qui s'y posent et des horizons laissés encore ouverts, alors qu'ils se sont trop souvent refermés en forme de réponses, données une fois pour toutes au coeur et à l'intelligence, dans le milieu clérical. Il est certain qu'aucun être spirituel - ou du moins l'être spirituel qui est en nous - ne peut se contenter des réponses car son chant se déploie dans ces zones de l'âme où il n'y a pas de réponse possible, quand bien même l'intelligence aurait pour vocation de pousser au plus loin l'éventualité d'explications et d'élargir toujours plus le champ de la raison et de la conscience."

(Édith de la Héronnière, "Teilhard de Chardin, une mystique de la traversée", chapitre "La croisière Jaune")

Wednesday, August 22, 2007

Ode à la recherche

"Plus fort que tous les échecs et tous les raisonnements, nous portons en nous l'instinct que, pour être fidèles à l'existence, il faut savoir, savoir toujours plus, et pour cela chercher, chercher toujours davantage, nous ne savons pas exactement quoi, mais quelque chose qui, sûrement un jour ou l'autre, pour ceux qui auront sondé le Réel jusqu'au bout, apparaîtra."

(Teilhard de Chardin, "L'avenir de l'Homme", cité par Édith de la Héronnière dans "Teilhard de Chardin, une mystique de la traversée", chapitre "Exil illimité")

Saturday, August 18, 2007

The Apparatus

"Whether the mask is labelled Facism, Democracy, or Dictatorship of the Proletariat, our great adversary remains the Apparatus - the bureaucracy, the police, the military... No matter what the circumstances, the worst betrayal will always be to subordinate ourselves to this Apparatus, and to trample underfoot, in its service, all human values in ourselves and in others."

(Simone Weil, "Reflections on War", 1945, cited by Howard Zinn, "Passionate Declarations", chapter "Just and unjust war")

When I think that she was for Sarkozy for the last french presidential election, with his interior politics of having the police make quantitative results instead of qualitative ones, therefore pushing the policemen to often trample underfoot some human values with the "immigrant" people, I wonder what happened...

Thursday, August 16, 2007

Les nomades

"Nous devons, dans une certaine mesure, chercher un havre stable. Mais si la Vie nous arrache sans cesse, sans nous laisser nous fixer nulle part, il y a peut-être là un appel et une bénédiction: le Monde n'est compris et sauvé que par ceux qui n'ont pas où reposer leur tête."

(Teilhard de Chardin, cité par Édith de la Héronnière, "Teilhard de Chardin, une mystique de la traversée", chapitre "Dans les Ordos")

Wednesday, August 15, 2007

Du Mal

Une conception du Mal intéressante:

"Quant à la notion de péché originel de ce premier homme hypothétique, et quant à la survenue du Mal dans le monde, Teilhard en émet une conception liée à la perspective évolutionniste: "Le péché originel, pris dans sa généralité, n'est pas une maladie spécifiquement terrestre ni liée à la génération humaine. Il symbolise simplement l'inévitable chance du Mal [...] attachée à l'existence de tout être participé. Partout où naît de l'être in fieri*, la douleur et la faute apparaissent immédiatement comme son ombre, non seulement par suite de la tendance des créatures au repos et à l'égoïsme, mais aussi (ce qui est plus troublant) comme accompagnement fatal de leur effort de progrès. Le péché originel est l'essentielle réaction du fini à l'acte créateur. Inévitablement, à la faveur de toute création, il se glisse dans l'existence. Il est l'envers de toute création.""

* En devenir.

(Édith de la Héronnière, "Teilhard de Chardin, une mystique de la traversée", chapitre "Un baptême dans le Réel")

Ce qui m'intéresse dans sa conception est la généralisation à tous les êtres vivants, et pas seulement aux êtres humains, qui sont toujours les seules créatures auxquelles la religion chrétienne s'intéresse, comme si le reste de la création ne comptait pas.

Tuesday, August 14, 2007

Évolution

"Admettant l'évolution au sein même de la conception de la foi chrétienne et de l'interprétation des Écritures, Newman affirmait qu'il ne suffit pas d'accepter la foi, mais qu'il faut encore la raisonner, la développer, la travailler par l'intelligence. Il n'y a pas antagonisme entre foi et raison et l'obscurantisme n'a jamais servi la part spirituelle de l'homme. Teilhard s'inscrira dans la même veine de pensée losqu'il célébrera le devoir de recherche, la nécessité d'épouser l'évolution, y compris dans notre vie intérieure, sous peine de périr spirituellement."

(Édith de la Héronnière, "Teilhard de Chardin, une mystique de la traversée", chapitre "La sainte Matière")

Monday, August 13, 2007

Les pionniers

Les descriptions de cette citation me font penser à mon directeur de thèse:

"Les pionniers se déchirent les mains aux épines, ils tâtonnent; il faut leur laisser la liberté d'errer. Les pionniers précèdent les maîtres qui fabriqueront des routes pour les carrosses, qui mettront, comme le disait Péguy, des poteaux indicateurs. Les pionniers avancent sans savoir comment et ne laissent aucune trace. On est devant eux (disait Newmann) "à la fois enchanté et perplexe"."

(Jean Guitton, "Profils parallèles, Teilhard et Bergson", cité par Édith de la Héronnière dans "Teilhard de Chardin, une mystique de la traversée", chapitre "Introduction").

Sunday, August 12, 2007

Une idée épique de la vie

Ah, voici enfin quelqu'un qui parle de motivations pour se dépasser soi-même dans la vie autres que le combat, la compétition, les récompenses matérielles, qui sont des motivations trop égocentriques à mon goût:

"L'aspect sacramental de la vie, le goût de la terre, le simple amour des pierres, l'énergie humaine, le devoir de recherche, le sens de l'évolution intérieure et des transformations qu'elle induit, tout cela couronné par une conception de la vie comme une traversée montante au cours de laquelle il s'agit de donner le meilleur de nous-même, de se décarcasser à en mourrir - une idée épique de la vie, peut-être - me sont plus que sympathiques."

(Édith de la Héronnière, "Teilhard de Chardin, une mystique de la traversée", chapitre "Introduction").

Saturday, August 11, 2007

Can there be such a thing as "just" wars ?

Against the claim that there can be just wars, that "it is not sweet to die for one's country. It is bitter. But it can be noble." (Noel Annan, New York Review of Books, Sept. 28, 1989), Howard Zinn asks (Passionate Declarations, footnote 82 of Chapter "Just and unjust war"):
"What makes you so sure that to die in war is to die for one's country, rather than for national aggrandizement, political power, economic greed, and fanaticism ?"
Then he ends this chapter with what he thinks is the only acceptable solution, nonviolent action:
"It is the great challenge of our time: how to achieve justice, with struggle, but without war."

Thursday, August 9, 2007

On global warming

"Leading by example can be an effective way to enact change. The sum of many small acts caused the problem, so only the sum of many small acts will solve the problem."

(Patrick Gonzalez, Nature Conservancy scientist, "Nature", vol 57, no 2).

Wednesday, August 8, 2007

On patriotism and civil disobedience

"If patriotism were defined, not as blind obedience to government, not as submissive worship to flags and anthems, but rather as love of one's country, one's fellow citizens (all over the world), as loyalty to the principles of justice and democracy, then patriotism would require us to disobey our government, when it violated those principles."

(Howard Zinn, "Passionate Declarations", chapter "Law and justice").

Sunday, August 5, 2007

Solidarity

"From each according to his ability, to each according to his needs"

(Karl Marx, "Critique of the Gotha Program", cited by Howard Zinn in "Passionate Declarations", chapter "Economic justice: the American class system").

This is one of the three rules of Emmaüs, recalled by Abbé Pierre in "Mémoire d'un croyant" (chapter "Emmaüs"):
"Nous partageons: le plus costaud, qui apporte beaucoup à la communauté, n'a pas plus que le petit vieux improductif."

For me this is the fundamental concept underlying the left policies, and why I am a leftist.

Thursday, August 2, 2007

Of merit and talent

I love this one:

"Between persons of equal income there is no social distinction except the distinction of merit. Money is nothing: character, conduct, and capacity are everything. Instead of all the workers being levelled down to low wage standards and all the rich levelled up to fashionable income standards, everybody under a system of equal incomes would find her and his own natural level. There would be great people and ordinary people and little people, but the great would always be those who had done great things, and never the idiots whose mothers had spoiled them and whose fathers had left them a hundred thousand a year; and the little would be persons of small minds and mean characters, and not poor persons who had never had a chance. That is why idiots are always in favor of inequality of income (their only chance of eminence), and the really great in favor of equality."

(George Bernard Shaw, "The Intelligent Woman's Guide to Socialism", cited by Howard Zinn in "Passionate Declarations", chapter "Economic justice: the American class system")

Tuesday, July 31, 2007

Socialism vs capitalism

"The great worldwide interest in socialism - which continues, despite the way the original dream has been distorted in a number of countries around the world - is due, I believe, to what people have seen happen in capitalism - that the profit motive has had some terrible human consequences. People turned to socialism because of the belief that human beings - once their essential needs are taken care of - can be motivated to work and create by considerations other than monetary profit: self-respect, the respect of others, compassion for others, and community spirit."
(Howard Zinn, "Passionate Declarations", chapter "Economic justice: the American class system")

I feel driven by these motives, not at all by the profit motive of capitalism, like many people around the world I believe. That's why I think that capitalism is a very reductionist view of how humans interact with each other, how a society should work...

Sunday, July 29, 2007

The principle of simplicity

"Simplicity is (or should be) the object of scientific work [...] Theory, and its applications in observational work and numerical modeling, provide us with hope for simplicity. Without it, at least as an organizing principle if not as detailed 'prediction', we are left with a hopeless morass of detail, and become idiot savants reeling off accurate but unorganized masses of factual detail."
(Peter Rhines, in "Future of Physical Oceanography").

This reminds me of a well-known quotation from Albert Einstein:
"Everything should be made as simple as possible, but not simpler".

Friday, July 27, 2007

The principle of science

"The principle of science, the definition, almost, is the following: the test of all knowledge is experiment. Experiment is the sole judge of scientific 'truth'".
(Richard Feynman, cited by Dan Rudnick in "Future of Physical Oceanography").

Wednesday, July 25, 2007

The beauty of ideas

"I believe that the single most important reason why prosperity spread, and why it continues to spread, is the transmission of technologies and the ideas underlying them. Even more important than having specific resources in the ground, such as coal, was the ability to use modern, science-based ideas to organize production. The beauty of ideas is that they can be used over and over again, without ever being depleted. Economists call ideas nonrival in the sense that one person's use of an idea does not diminish the ability of others to use it as well. This is why we can envision a world in which everybody achieves prosperity. The essence of the first Industrial Revolution was not the coal; it was how to use the coal. Even more generally, it was about how to use a new form of energy. The lessons of coal eventually became the basis for many other energy systems as well, from hydropower, oil and gas, and nuclear power to new forms of renewable energy such as wind and solar power converted to electricity. These lessons are available to all of humanity, not just for the first individuals who discovered them."
(Jeffrey Sachs, "The end of poverty", chapter "The spread of economic prosperity").

This reminds me of the lyrics of the song "Au temps des colonies" by Michel Sardou:
"Y'a pas d'café pas de coton pas d'essence
En France mais des idées ça on en a
Nous on pense"


More seriously, this is a strong argument against patents, which try to prevent people from using freely some people's ideas, a concept which I have never liked.


Education of the people

This one really amazed me when I read it (Howard Zinn, "Passionate Declarations", chapter "Communism and anti-communism"):

Congressman Harold Velde of Illinois, a former FBI man and later chair of the House Un-American Activities Committee, spoke in the House in March 1950 opposing mobile library service in rural areas because, he said: "Educating Americans through the means of the library service could bring about a change of their political attitude quicker than any other method. The basis of Communism and socialistic influence is education of the people."

Monday, July 23, 2007

The ideal of communism

I know that Communism has done a lot of harm in the past and still does, and for that it is hated and feared by capitalists, especially in America. I believe this is because its original ideas have been betrayed by communists leaders, who as human beings have been corrupted by power. But I still believe like Howard Zinn ("Passionate Declarations", chapter "Communism and anti-communism") in this ideal:

"The ideal of communism - a classless society of equal abundance for all, based on highly developed technology, a very short workday, and, therefore, the possibility of real freedom for individuals to develop their aesthetic and personal interests as they like; a society free of the coercive apparatus of the state, organized by associated collectives, based on workplaces and neighborhoods, repudiating racial or sexual supremacy; a genuine participatory democracy, with full opportunity for free expression of all ideas, devoid of national hatreds, national boundaries, and war - this remains a wonderful goal.
Karl Max, I believe, envisioned such a society. Millions of people in the world have been inspired by that ideal and have been willing to sacrifice and risk all for it."

Saturday, July 21, 2007

Private property

Ah ! I was wondering what was the position of Christian religion on private property. Here is a quote from Pope Jean-Paul II, reported by Howard Zinn in "Passionate Declarations" (in Chapter "Communism and anti-communism"):

For instance, in 1981, Pope John Paul II issued a papal encyclical On Human Work, in which he said the Church believed in ownership and private property, but that "Christian tradition has never upheld this right as absolute and untouchable... The right to private property is subordinated to the right to common use, to the fact that goods are meant for everyone."

Monday, July 16, 2007

An alternative to right and left

"Anarchists, I discovered, did not believe in anarchy as it is usually defined - disorder, disorganization, chaos, confusion, and everyone doing as they like. On the contrary, they believed that society should be organized in a thousand different ways, that people had to cooperate in work and in play, to create a good society. But, anarchists insisted, any organization must avoid hierarchy and command from the top; it must be democratic, consensual, reaching decisions through constant discussion and argument. What attracted me to anarchism was its rejection of any bullying authority - the authority of the state, of the church, or of the employer. Anarchism believes that if we can create an egalitarian society without extremes of poverty and wealth and join hands across all national boundaries, we will not need police forces, prisons, armies, or war, because the underlying causes of these will be gone."
(Howard Zinn, Passionate declarations).

Highly utopic, but I like utopies, without them life would be flavourless...

Saturday, July 14, 2007

Choix de société

Comme le dit l'Abbé Pierre (Mémoire d'un croyant), "l'Évangile, s'il n'est pas directement un message politique, a nécessairement des conséquences, de profondes répercussions dans le domaine politique."
Voici un passage du chapitre intitulé "Frères humains":

"Voulons-nous une société solidaire, qui serve en premier les plus faibles et les plus souffrants ? Ou au contraire une société individualiste qui laisse les forts écraser les faibles ou qui les abandonne au bord du chemin ? Dans le premier cas, nous lutterons de toutes nos forces pour réduire les inégalités et nous garantirons une paix sociale durable. Dans l'autre, nous laisserons croître les disparités et les situations d'injustice, et nous serons confrontés à une constante colère sociale. N'est-ce pas malheureusement la voie dans laquelle nos sociétés les plus riches semblent avoir choisi de s'engager ?" [...]
"Je l'ai dit, c'est un véritable choix de société que nous avons à faire: servir en premier les plus forts ou bien les plus faibles. Et c'est ce choix qui détermine la grandeur ou la bassesse d'une famille, d'une tribu, d'un pays ou d'une civilisation."

Ce sont ces valeurs, que l'on peut avoir même sans être croyant, qui m'attirent plutôt vers les idées de gauche que vers les idées de droite. La droite essaie d'ailleurs toujours de se défendre de promouvoir l'individualisme et l'égoïsme, en invoquant des raisons pragmatiques ("nous sommes juste réalistes"), mais les résultats sont clairs !
Alors je me suis toujours demandé comment on pouvait être à la fois chrétien et de droite, à moins de ne pas avoir compris le message de partage et de solidarité du Christ...

Friday, July 13, 2007

L'homme d'affaires et le pêcheur

Voici une petite histoire qui illustre très bien le non-sens de notre idolâtrie de la croissance économique (Abbé Pierre, Mémoire d'un croyant):

C'est l'histoire d'un homme d'affaires qui est en vacances en Inde. Sur la grève, il voit un pêcheur qui revient avec un poisson. Il admire sa prise, et lui dit:
"C'est le bonheur ! Tu retournes en chercher ? Bon, je vais avec toi. Il faut que tu m'expliques comment tu pèche.
- Retourner en chercher, mais pour quoi faire ? demande le pêcheur.
- Mais parce que tu en auras davantage, répond l'homme d'affaires !
- Mais pour quoi faire ?
- Parce que quand tu en auras plus, tu en revendras.
- Mais pour quoi faire ?
- Parce que quand tu l'auras vendu, tu auras de l'argent.
- Mais pour quoi faire ?
- Parce que tu pourras t'acheter un petit bateau.
- Mais pour quoi faire ?
- Eh bien, avec ton petit bateau tu pourras avoir plus de poissons.
- Mais pour quoi faire ?
- Eh bien, tu pourras embaucher des ouvriers.
- Mais pour quoi faire ?
- Ils travailleront pour toi.
- Mais pour quoi faire ?
- Tu deviendras riche.
- Mais pour quoi faire ?
- Tu pourras te reposer."
Le pêcheur lui dit alors: "Mais c'est ce que je vais faire tout de suite !"

Wednesday, July 11, 2007

Non-violent direct action !

OK, let's start getting back in my citations note-book.
This one is from Howard Zinn (Passionate Declarations):

"It is sad to see how, in so many countries, citizens have been led to war by the argument that it is necessary because there are tyrannies abroad, evil rulers, murderous juntas. But to make war is not to destroy the tyrants; it is to kill their subjects, their pawns, their conscripted soldiers, their subjugated civilians [...]
Freedom and justice, which so often have been the excuses for violence, are still our goals. But the means for achieving them must change, because violence, however tempting in the quickness of its action, undermines those goals immediately, and also in the long run. The means for achieving social change must match, morally, the ends."

So, what can we do ? The answer is: non-violent direct action !

"A determined population can not only force a domestic ruler to flee the country, but can make a would-be occupier retreat, by the use of a formidable arsenal of tactics: boycotts and demonstrations, occupations and sit-ins, sit-down strikes and general strikes, obstruction and sabotage, refusal to pay taxes, rent strikes, refusal to cooperate, refusal to obey curfew orders or gag orders, refusal to pay fines, fasts and pray-ins, draft resistance, and civil disobedience of various kinds [...]
Non-violent direct action is inextricably related to democracy. Violence to the point of terrorism is the desperate tactic of tiny groups who are incapable of building a mass base of popular support."

Monday, July 9, 2007

L'amour

Un tres beau poème sur l'amour (Corinthiens, 1, 13):

"L'amour est longanime et serviable;
en lui ni jalousie, ni forfanterie, ni orgueil,
ni rien de malséant.

L'amour ne cherche pas son intérêt,
ignore la colère et la rancune,
ne se plaît pas dans l'injustice,
mais se réjouit de la vérité,
excuse tout, fait confiance en tout,
espère tout, endure tout.

L'amour jamais ne passe."

Sunday, July 8, 2007

J'aime, donc Dieu existe

Je me suis souvent demandé d'où venaient les valeurs morales, qui semblent universelles, tout comme les règles de la logique, qui semblent évidentes.
Les secondes peuvent peut-être s'expliquer par l'apprentissage du monde qui nous entoure, nous avons remarqué que certaines actions entrainaient certaines conséquences, que des règles régissaient certains phénomènes physiques et nous permettaient de prévoir leur évolution (avec plus ou moins de précision bien sûr). Mais la morale peut-elle s'expliquer logiquement ? Du genre "tu ne feras pas à autrui ce que tu n'aimerais pas qu'il te fasse" ? Mais en toute bonne logique la proposition suivante ne s'ensuit pas: "fais à autrui ce que tu aimerais qu'il te fasse", car si autrui ne te rend pas la pareille alors à quoi bon être bon envers lui ? Et pourtant cette proposition s'appelle l'altruisme, une valeur centrale de la morale. L'Amour non plus ne s'explique pas par la logique (je ne parle pas ici de l'amour charnel). Et si ces sentiments que nous ressentons n'étaient pas un signe fort de l'existence de Dieu ?
L'Abbé Pierre utilise des images pour l'expliquer (Mémoire d'un croyant):

"Imaginons qu'un écrou tombe quelque part au passage d'un camion dans un village primitif où l'on n'a jamais vu de mécanique. S'il se trouve un homme très intelligent, à force de regarder comment est fait l'écrou il saura ce qu'est un boulon. Imaginons maintenant la cire dont on vient de retirer le sceau: quand la cire est sèche, je peux, en l'observant, connaître jusqu'au plus petit détail du sceau. La cire a tout retenu, en creux. De la même manière nous pouvons avoir une certaine notion de Dieu en étant attentifs à nos aspirations, à nos désirs d'amour, puisque l'Écriture nous dit que nous sommes "à l'image de Dieu". Ainsi, en observant tout ce qui vient en désir, en appel, "en creux" en nous, nous pouvons deviner quelque chose de Dieu."

Saturday, July 7, 2007

Le coeur humain

"Et tel me semble bien être le coeur humain: tissé d'ombre et de lumière, susceptible d'actes héroïques et de terribles lâchetés, aspirant à de vastes horizons et butant sans cesse sur toutes sortes d'obstacles, le plus souvent intérieurs."
(Abbé Pierre, Mémoire d'un croyant)